De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi «C'est une maladie avec laquelle le patient, malheureusement, devra passer le restant de sa vie», dira le professeur A. Dahdouh, médecin-chef au service de néphrologie et d'urologie de l'établissement hospitalier spécialisé EHS de Daksi, à Constantine. L'insuffisance rénale cohabite avec le relationnel, puisque le malade sera en perpétuel rapport avec sa famille et aussi avec le staff médical avec lequel il noue une relation «continuelle», car les insuffisants rénaux visitent le centre d'hémodialyse trois fois par semaine. De plus, le coût financier et les prestations médicales caractérisent la prise en charge du malade, dont l'appréciation avoisine les 136 millions de centimes par an. Autrement dit, les insuffisants rénaux restent tributaires de ces trois facteurs indissociables, d'où une rigueur accrue dans le suivi, selon le spécialiste. L'Algérie compte annuellement entre 3 000 et 4 000 nouveaux cas d'insuffisants rénaux. Une prévalence instable. En amont, notre interlocuteur insiste sur un suivi rigoureux associé à un régime diététique et hygiénique pour que le cas demeure sans gravité. De plus, il appelle les personnes qui dépassent la quarantaine à consulter des urologues et néphrologues pour écarter toute éventualité ou sinon prendre la maladie à son état «précoce». «Une bonne partie des causes évitables peuvent être entreprises au niveau des structures inhérentes à cette spécialité. A commencer par le développement des services d'urologie et de néphrologie», explique le médecin-chef qui voit en ces aspects un «retardateur d'échéance de la maladie» faute d'une guérison totale. Sur un autre registre, le professeur revendique une bonne prise en charge des diabétiques et hypertendus qui restent les plus prédisposés à contracter «une insuffisance rénale». L'EHS programme 120 malades qui y alternent au quotidien. Il est difficile de déterminer avec exactitude une liste exhaustive du nombre total des malades qui transitent par cet établissement car ce dernier est à vocation régionale. Ainsi, des malades non programmés et transférés en urgence sollicitent souvent ce service. «L'EHS est trop fréquenté. Mais on n'a pas le choix. La maladie n'admet pas de pause ou de relâche dans sa prise en charge», soutient M. Dahdouh, appelant au passage les pouvoirs publics et notamment la tutelle à multiplier ce genre d'établissement spécialisé à travers tout le territoire. En ce qui concerne les transplantations rénales, l'EHS Daksi qui étrennait les opérations enregistre cette année un fléchissement et c'est à l'échelle nationale, analyse notre spécialiste interlocuteur, ajoutant que «cette option est une voie qui demande à être développée non seulement à partir de donneur vivant ». Pour ce la, il faudra asseoir des conditions se traduisant en moyens, en infrastructures et en ressources humaines. « Une motivation en plus du cadre médical est aussi revendiquée pour réussir tel il se doit ce recours de l'espoir qu'est la greffe» devait-il exposer. Le professeur évalue que le cadre législatif est assez bon et ne souffre d'aucun manque. Quant à celui réglementaire il doit être suffisamment étoffé pour tenir compte de tous les aspects de cette activité. L'EHS de Daksi aura tablé sur 40 transplantations durant l'année 2010. Cependant, ce vœu n'a pu être concrétisé comme le souhaitait la corporation médicale y activant. De fait, le retard enregistré dans la mise en place de l'Agence nationale de transplantation n'a fait que «geler» cette perspective. A cet effet, le professeur dira : «Nous attendons sa concrétisation en conformité avec les lois de la République pour qu'elle soit opérationnelle.» Sur un autre plan, il soutiendra que ce ne sont pas tous les insuffisants rénaux qui nécessitent une transplantation. Actuellement, selon les derniers bilans, on apprend que 20% de cette catégorie seulement croise les doigts pour un «rein providentiel». Pour le reste, c'est l'hémodialyse qui allège leur souffrance et constitue pour eux une solution durable… Il n'empêche qu'il faudra développer les critères de la transplantation sur des cadavres, estime notre même source. En somme, la sensibilisation reste un autre cheval de bataille pour permettre aux bienfaiteurs de songer à cette frange…