De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi La greffe du rein est la plus fréquente des transplantations. Sont concernées les malades pour lesquels la dialyse s'avère impuissante… C'est ainsi qu'au stade terminal, le patient croise les doigts pour un greffon du fait qu'à ce niveau de gravité seule la transplantation permet un traitement. C'est tout le problème : où trouver cette âme charitable qui donnera son organe à l'exception des rares cas apparentés qui viennent au secours de leurs proches ? La liste d'attente s'allonge au niveau des centres de transplantation. Les donneurs d'organes ne se bousculent pas aux portillons des établissements hospitaliers spécialisés. Cette déficience est enregistrée à l'échelle nationale, selon des sources concordantes, et l'EHS de Daksi n'y fait pas exception. Un fait qui est conforté par le Pr Dahdouh, médecin chef au service d'urologie et de transplantation rénale au sein de cet hôpital. Contacté, ce spécialiste qui communique sans réticence apportera des éclaircissements sur le déroulement assez timide des transplantations rénales, qui, en 2009, n'ont pas dépassé les trois greffes et ce, par donneurs apparentés. À cet effet, il avancera : «Les dernières statistiques font état de près de 13 000 insuffisants rénaux à travers le territoire, dont le tiers serait ‘‘greffable''.» La situation restera tributaire de la mise en service prochainement de l'Agence nationale de la transplantation. Un dispositif qui réglementera et entérinera désormais dans un cadre juridique l'obtention des organes à partir de cadavres. «Un comité tient des réunions depuis 6 mois pour la concrétisation de ce projet prometteur. La démarche a abouti à la proposition d'un projet de décret de création de ladite agence et à la tenue du colloque France-Maghreb en janvier dernier. A vrai dire, tout le monde attend avec impatience cette échéance», ambitionne le professeur, indiquant que le staff médical place un grand espoir dans la transplantation à partir d'un cadavre. «Une équipe pluridisciplinaire formée de chirurgiens, d'épidémiologistes, de néphrologues… est déjà en alerte et n'attend que le feu vert de cette nouvelle banque issue de l'agence pour relancer relativement les transplantations», a–t-il ajouté. Pour l'année en cours, une prévision sur le nombre de greffes à réaliser avoisine les 24. Mais ce taux ne semble pas être exhaustif car il tiendrait compte de la date d'activation de l'agence. Le professeur Dahdouh révèlera à ce propos : «Si l'on parvient à rendre opérationnel ce dispositif en juin prochain, il y a de quoi redonner de l'espoir aux centaines de malades attendant désespérément un rein. Ainsi, l'EHS aura à prendre en charge entre 40 et 50 insuffisants rénaux nécessitant une greffe». Par ailleurs, il reconnaît que c'est grâce à l'actuel ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, M. Barkat, que les débats portant création de cette agence ont pu reprendre sérieusement. On apprend par la même occasion que la rénovation de la clinique se fait progressivement en fonction du budget alloué. En parallèle aux transplantations, la prise en charge d'autres pathologies a connu une nette progression. «Une réunion regroupant des spécialistes se tient périodiquement en présence d'oncologues, de radiologues, de chirurgiens et ce, pour arrêter le protocole thérapeutique [chimiothérapie, radiothérapie et chirurgie] concernant notamment les cancers urologiques. La contribution des deux médecins chefs du service de cancérologie du CHU apporte des appréciations somme toute importantes dans la thérapie proposée», dira le néphrologue. Signalons, enfin, qu'en matière de transplantation, la première greffe a été réalisée en 2000. En l'espace de trois années, soit jusqu'en 2003, leur nombre est passé à 38, dont 6 prélèvements sur des cadavres. Par la suite, une longue pause sera marquée pour des raisons strictement techniques inhérentes aux équipements. Ce ne sera qu'en 2007-2008 que les objectifs de l'établissement reprennent grâce à une équipe médicale ayant réalisé 15 transplantations. Les «hémodialysés» ainsi que le staff médical placent tous leurs espoirs dans cette agence dont le lancement effectif réactivera les interventions.