Photo : Riad Pour le 4ème jour du Festival international du film arabe d'Oran, la critique cinématographique dans le monde arabe a fait l'objet d'une conférence qu'animeront cinq professionnels du domaine à la Cinémathèque d'Oran. Réunis afin de définir les moyens nécessaires pour la réhabilitation de ce métier, les intervenants ont soulevé de nombreux points importants, à savoir l'état actuel de la critique cinématographique.«Il faut d'abord commencer par savoir où nous en sommes en matière de critique cinématographique avant d'envisager l'avenir. Les critiques du monde arabe sont pour la majorité des autodidactes en l'absence de formation universitaire. Au Maroc, la plupart des critiques viennent des cinéclubs, nous avons mis trop de temps pour publier les critiques», indiquera le président de l'Association des critiques marocains et fondateur de l' association «Le 7ème art» à Tanger, Khalil Damoun. Prenant en considération la diversité des courants cinématographiques dans le monde arabe, l'intervenant insistera sur la nécessité de créer des espaces d'échanges pour valoriser les œuvres de ces professionnels. Le Tunisien Mahrez El Karaoui, critique cinéma de la revue Africulture, partagera cet avis et renchérira en soutenant que «la critique se porte mal avec la domination des films commerciaux et l'absence de publication. Avec l'introduction des nouvelles technologies (Internet), les producteurs et réalisateurs n'ont plus besoin de nous pour promouvoir leurs films. C'est pour cela que nous nous devons de créer une structure pour unir et organiser les critiques du monde arabe». M. El Karaoui soulignera également qu'on ne peut parler de critiques de cinéma en l'absence de productions. Le critique syrien Ali Akbani affirme, pour sa part, que la société arabe ne regarde pas la critique d'un œil sérieux, car elle traite du cinéma considéré comme moyen de divertissement. «La critique n'est ni un article de presse, qui est informatif avant tout, ni une promotion du film. Le critique est un spectateur différent», explique M. Akbani.Ramdane Salim, critique libyen, joindra son avis à celui de ses confrères en soulignant l'importance de la création d'une union internationale des critiques du monde arabe en tenant compte des différences de styles et de formations. Par ailleurs, il serait aussi important de savoir à qui s'adressent les critiques cinématographiques, dont la majorité se contentent de publier leurs analyses sur des blogs. Considérant la faiblesse de la production cinématographique arabe et l'absence d'un public averti, la quasi-inexistence de revues spécialisées auxquelles pourrait se référer le public, il apparaît comme prématuré de parler de la question de la réhabilitation de la critique dans le monde arabe car il faut d'abord qu'il y ait un cinéma, comprendre une industrie cinématographique, avec tous ses maillons et segments, avant de penser à la critique qui n'est que l'avant-dernier maillon de la filière, le public ou le consommateur étant le dernier.