Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar Une nouvelle affaire Sonatrach a éclaté à Oran. Une enquête ouverte par le tribunal d'Arzew a amené, lundi dernier, le procureur de la République, après une journée d'interrogatoires, à mettre sous mandat de dépôt l'ex-P-DG par intérim de Sonatrach, A. Feghouli, ainsi que le directeur général de la société franco-algérienne Essafir et certains cadres des deux entreprises. Mohamed Meziane, l'ex-P-DG de Sonatrach, entendu également dans cette nouvelle affaire, a été, quant à lui, maintenu sous contrôle judiciaire, décidé, rappelons-le, par le parquet d'Alger dans une affaire similaire où il est poursuivi, avec une quinzaine de personnes, pour association de malfaiteurs, blanchiment d'argent, passation de marchés contraire à la réglementation en vigueur, corruption, trafic d'influence, détournement et dilapidation des deniers publics. Dans l'affaire Sonatrach d'Oran, il est également question de passation de marchés contraire à la réglementation en vigueur. Il s'agit d'un marché de gré à gré signé en 2008 entre Sonatrach et la société mixte Essafir. Il s'agit de la réalisation d'une usine de condensat d'azote au niveau de la zone pétrochimique d'Arzew. Le montant de la transaction, qui n'avait pas fait l'objet d'une publication au niveau du Baosem puisqu'elle avait été passée de gré à gré, a été évalué à plus de 10 millions d'euros. Les enquêteurs appartenant au corps des renseignements militaires se sont intéressés à cette transaction avant de pousser davantage l'enquête pour découvrir des dépassements dans des transactions, à savoir : octroi de projets moyennant des sommes importantes en devises fortes (plus de 2 milliards de dinars en 2008) et transferts de fonds et de devises fortes vers l'étranger effectués par l'entreprise franco-algérienne Essafir appartenant à hauteur de 49% à l'entreprise française Marais Contracting. A la direction Aval de la compagnie nationale Sonatrach à Oran, tout le monde est sous le choc en attendant les décisions de la direction générale et la suite des événements dans cette affaire. Pour nombre de cadres et employés qui ont eu connaissance du dossier du contrat passé en 2007, «l'affaire ne mérite même pas d'être traitée par les instances judiciaires». D'autres affirment que «Feghouli n'a fait qu'obéir aux instructions. En plus, quel mal y a-t-il à avantager son département ou sa propre filiale dans une étude de marché et lui attribuer un marché au lieu de le donner à des entreprises étrangères ?» s'interroge un cadre chargé de l'audit des entreprises. Pour nombre de travailleurs de la compagnie, «cette affaire a pris une grave tournure et a été politisée à outrance, jusqu'à intégrer des parties étrangères à l'affaire et aux procédures coutumières dans pareils cas de figure», s'insurge-t-on. Certains responsables de la direction aval s'interrogent même sur «les fuites organisées dans le dossier et les précisions données concernant les péripéties de l'affaire dont seuls les initiés pourraient révéler les tenants et les aboutissants». D'autres sources affirment que l'affaire débouchera sur d'autres révélations et arrestations. «Feghouli devait être appréhendé lors des préparatifs du GNL16. Mais les responsables à charge du dossier ont préféré patienter le temps d'une manifestation d'envergure mondiale pour ne pas ternir davantage l'image d'un pays gangrené par le phénomène de la corruption», précise-t-on. «Feghouli avait été nommé au poste de président-directeur général de la compagnie aérienne Tassili Airlines pour faire baisser la pression autour de lui et détourner l'attention momentanément. Les instructions du président de la République ont été on ne peut plus claires quant à la lutte sans merci contre la corruption à tous les échelons», note-t-on encore.