Sept cadres dirigeants du port d'Alger, entendus jeudi dernier par le juge d'instruction près le tribunal de Sidi M'hamed, ont été inculpés, selon une source proche du dossier. Quatre d'entre eux, un ex-PDG du port, l'actuel P-DG, un directeur général adjoint (DGA) et un opérateur privé, ont été mis sous mandat de dépôt, et les trois autres, un DGA et deux opérateurs privés, sous contrôle judiciaire. A première vue, ils sont inculpés de corruption et de dilapidation, suite à une enquête minutieuse. Après l'éclatement de cette affaire, une cellule de crise a été installée au port. Selon nos sources, les investigations menées par les services compétents ont commencé au niveau de l'entreprise portuaire d'Alger à la suite de soupçons qui pesaient sur l'acquisition de matériel. Une première audition du président-directeur général de l'EPAL aurait eu lieu en février dernier. Selon les informations recueillies, les enquêteurs cherchaient à savoir dans quelles circonstances s'est déroulée l'acquisition par cette entreprise publique de plusieurs équipements tels que des Clark, des chariots et des stackers. Des soupçons pesaient sur ce matériel, acquis auprès de fournisseurs en Suède et au Japon et l'enquête tentait de déterminer, selon notre source, s'il n'y avait pas surfacturation. Les investigations concernaient aussi l'acquisition de deux nouveaux remorqueurs. Pour l'instant, aucune autre information n'a filtré mais il est probable que l'affaire du port d'Alger soit liée à celle qui a éclaté au port d'Oran il y a une vingtaine de jours. Il s'agit, rappelons-le, de la mise sous contrôle judiciaire du P-DG du port d'Oran pour un trou dans les comptes de l'entreprise portuaire estimé à 800 millions de centimes. Le trésorier de l'entreprise ainsi que le détenteur du compte sur lequel l'argent a été versé (en contrepartie d'une marchandise fictive censée être fournie par une société qui s'est avérée également fictive), comme l'a rapporté la presse, ont été mis sous mandat de dépôt. Selon des informations, les investigations sur la gestion de l'Entreprise portuaire ont commencé au niveau de l'EPAL avant de se poursuivre à Oran. Il est donc fort probable que les deux affaires soient liées. Cette nouvelle affaire, qui vient ternir l'image de l'entreprise portuaire, confirme que les fléaux comme la corruption et la dilapidation sont ancrés à tous les niveaux en Algérie. Après les institutions bancaires, la Sonelgaz, les ministères des Travaux publics, de la Pêche et de l'Agriculture, Sonatrach… -pour ne citer que ces exemples- c'est le port qui dévoile au grand jour les malversations de ses gestionnaires. H. Y.