Photo : S. Zoheir Par Hasna Yacoub L'affaire Sonatrach franchira une autre étape aujourd'hui avec le début des interrogatoires de fond (récapitulatif) des inculpés par le juge d'instruction de la huitième chambre du pôle judiciaire économique. Il s'agit là de la dernière phase dans l'instruction où le juge posera des questions précises aux prévenus après avoir écouté tous les témoins. Il aura aussi, s'il le juge nécessaire, à procéder à la confrontation des mis en cause entre eux ou encore avec les témoins. Une fois les interrogatoires de fond terminés, le juge d'instruction aura à rédiger son ordonnance où seront précisés les chefs d'inculpation, les faits et les preuves réunies contre chaque mis en cause. Cette dernière sera transmise au procureur de la République qui rédigera à son tour l'arrêt de renvoi pour saisir la chambre d'accusation. Il est à rappeler que, lors de la première comparution devant le juge, il a été notifié les chefs d'inculpation aux prévenus. Ces derniers, une quinzaine au total, sont poursuivis pour association de malfaiteurs, blanchiment d'argent, passation de marchés contraire à la réglementation en vigueur, corruption, trafic d'influence, détournement et dilapidation des deniers publics… Le P-DG de Sonatrach, Mohamed Meziane, et un de ses vice-présidents, Chawki Rahal, chargé de l'activité commercialisation, sont sous contrôle judiciaire alors que le directeur «Région» et le vice-président chargé de l'activité transport par canalisations ont bénéficié de la liberté provisoire. Sept autres prévenus ont été placés sous mandat de dépôt, à savoir l'ancien P-DG du CPA, son fils, deux vice-présidents de Sonatrach, les deux enfants de Mohamed Meziane et un de leurs associés. Cette affaire, qui fait couler beaucoup d'encre et qui a causé l'écartement du ministre de l'Energie lors du dernier remaniement, a éclaté au grand jour à la suite des investigations menées par les officiers judiciaires militaires du département de renseignement et de sécurité (DRS) et qui concernent des malversations dans les marchés avec deux sociétés : un groupement algéro-allemand de matériel de sécurité et de surveillance pour l'activité transport par canalisations (TRC) et une société italienne. Le DRS a conclu à l'implication du P-DG de Sonatrach, de ses deux enfants, de l'ancien patron du Crédit Populaire d'Algérie, de son fils et de 15 cadres, dont des vice-présidents de la compagnie pétrolière. Le DRS a décelé des malversations dans l'octroi de marchés à deux bureaux d'études et de consulting et d'installation de surveillance dans le cadre de l'activité transport par canalisations, qui auraient réussi, grâce à leurs relations, notamment les enfants du P-DG, à bénéficier d'un statut de «privilégiés». Il est à indiquer, selon nos sources, que les mis en cause, qui ont octroyé des marchés de plusieurs milliards de dinars, ont perçu des commissions de 4,5 millions d'euros.