Le parti du président égyptien Hosni Moubarak contrôle plus de 83% de l'Assemblée après des législatives marquées par des accusations de fraude massive. L'opposition, notamment l'ancien patron de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohamed El Baradei, qui avait appelé au boycott des urnes dès le début, voit son crédit renforcé. Casse-tête du pouvoir depuis son retour en Egypte au début de l'année 2010, l'ancien patron de l'AIEA, Mohammed El Baradei, entendait ainsi dénoncer le verrouillage politique et appeler à la démocratisation du pays. L'opposition qui n'avait pas voulu le suivre au début, a vérifié à ses dépens la justesse de ses prospectives. L'image du quasi-parti unique fait grincer des dents même au sein du pouvoir. Certains responsables comptaient sur une présence accrue des partis laïques, au détriment des islamistes, pour donner davantage de légitimité au régime avant la présidentielle de 2011. Laquelle pourrait marquer la succession de Hosni Moubarak. Le système clientéliste et sa gestion hasardeuse du processus électoral ont ruiné le plan bien huilé du pouvoir et l'exposent, aujourd'hui, aux critiques internationales. Même Washington s'est dit «consterné» par la fraude. Pourtant, aucun Egyptien ne se faisait d'illusion sur l'issue de ce scrutin avant-goût de la présidentielle. Les Egyptiens font face à la pauvreté, à la surpopulation, à l'éducation en décadence, au système de santé à l'abandon, au chômage endémique et surtout à l'inflation galopante. Les «réformateurs» du PND, sous l'égide de Jamal Moubarak, possible héritier de son père, promettent régulièrement d'éradiquer ces maux sans savoir comment attaquer ce chantier colossal. Du pain bénit pour Mohammed El Baradei. En réclamant plus de justice sociale, autant de réformes politiques, El Baradei séduit un nombre croissant d'Egyptiens. Ecarté par la décision des autres opposants de participer aux législatives, l'ancien patron de l'AIEA est aujourd'hui le «grand gagnant» du scrutin. Les plus optimistes pensent que le retrait de l'opposition offre une nouvelle chance pour le changement. Les plus pessimistes pensent, pour leur part, que rien ne changera. La succession de Moubarak se fera selon les desseins du pouvoir. G. H.