La période des transferts est appelée «mercato», un mot italien qui signifie marché. Comme chaque année, à mi-championnat, les clubs de football s'apprêtent à faire leur marché d'hiver. Il s'agit de renforcer leur équipe et de se débarrasser de joueurs qui n'ont pas satisfait leurs entraîneurs. C'est le cas notamment des clubs les plus importants qui ont, jusqu'à maintenant, obtenu des résultats très décevants. Le MC Alger, la JSK et l'USM Alger, trois des clubs les plus aisés, occupent ainsi les 15e, 9e et 10e places du championnat de 1re division (qui compte 16 clubs). La JSK et l'USM Alger ont déjà remplacé leur entraîneur mais il leur faudra aussi de nouveaux joueurs. Pour eux, il est essentiel de terminer dans les quatre premières places du championnat. Car ils seront alors qualifiés pour les Coupes africaines qui leur rapportent beaucoup d'argent. Le championnat est cependant loin d'être joué : 12 points seulement séparent le premier, le club de l'ASO Chlef du 9e. Dans ce mercato, tous les clubs sont à la recherche du buteur-miracle mais cet attaquant est rare et… coûte très cher. Les clubs sont donc souvent contraints de vendre certains joueurs pour en acheter d'autres. Et cette dépense n'apporte pas toujours les résultats espérés : Hamiti ou Aouidia, achetés pour des sommes faramineuses par la JSK, n'ont pas beaucoup marqué. Il leur reste encore une moitié de championnat pour effacer les critiques qui pleuvent sur leur club, le mois de janvier, date de l'ouverture du souk algérien. Cependant, les prix exigés par les agents de joueurs et les sommes offertes par les clubs ont doublé, voire triplé. Même si certains n'ont rien apporté aux clubs, loin des sommes dépensées, loin du professionnalisme qu'on recherche, ils engrangent des revenus faramineux eu égard aux sommes exorbitantes exigées pour leur transfert. Ces joueurs d'un niveau juste moyen, pouvant inscrire seulement un but pendant toute une saison. Les primes de signature se négocient au minimum à 900 millions de centimes (90 000 euros) pour n'importe quel jeune joueur qui s'est distingué lors du précédent exercice et grimpent jusqu'au milliard et demi de centimes, voire deux (200 000 euros) pour les joueurs confirmés et les rares attaquants. Certains joueurs comme Faouzi Chaouchi (ESS), Khaled Lemouchia (ESS) ou Hocine Metref se voient offrir des ponts d'or. Les politiques de recrutement ne sont pas toujours d'une grande cohérence vu que certaines équipes achètent tout ce qui peut courir dans un stade, allant jusqu'à se retrouver avec des effectifs comportant quatre ou cinq joueurs à un même poste. Le marché des transferts, cette occasion offerte à certains clubs algériens pour améliorer leur rendement, soigner leur classement en recrutant des joueurs ciblés, n'obéit à aucune logique chez nous. L'essentiel est de contenter les supporters, de satisfaire leur curiosité à l'approche du mercato. Toutefois, on doit toujours garder en mémoire que le football et le sport de compétition en général n'échappent pas à certaines règles de conduite. Des règles universelles qui ne sont pas spécifiques à notre pays et qui ne doivent pas nous détourner de la mission essentielle recherchée à travers le sport. La finalité de toute pratique d'une discipline sportive est la victoire. Certes, mais l'obligation de résultat prend souvent des dimensions qui dépassent le seuil du tolérable. En réalité, le sport algérien est en train de perdre une grande partie de sa raison d'être, à savoir la formation de la jeunesse et son encadrement. Bien entendu, le professionnalisme a fait son apparition et, désormais, nous avons des relations employeur-employé, des contrats de travail, des voies de recours, des instances d'arbitrage pour lever les différends, etc. La recherche du résultat immédiat s'est rapidement propagée et prend même de l'ampleur. Les supporters poussent les dirigeants à s'endetter, l'essentiel est de recruter tous azimuts. Une défaite est mal vécue et peut virer pratiquement à la crise si elle se répète. La rue s'enflamme et gronde. Le coach est viré, le président s'il tient à sa vie ou à celle de sa famille, doit casser sa tirelire pour calmer les esprits en s'offrant un ou deux joueurs de qualité pour une saison. C'est à travers le football, sport le plus populaire au monde, mais aussi le plus médiatisé que se reflètent le plus les tensions entourant les équipes. Les différents types de relations au sein du club sont souvent empreintes de passion. Si cela est compréhensible pour les supporters, il n'en est pas de même pour les relations responsables-entraîneurs, logiquement sous-jacentes. Ces derniers, en prenant les rênes d'un club, se voient confier une tâche mais aussi un objectif à atteindre. Toutes les solutions sont bonnes. Y. B.