L'artiste peintre Mohamed Djoua présente dans son exposition, «La peinture, Moyen de soin», une trentaine d'œuvres picturales jusqu'au 5 janvier prochain au Centre des loisirs scientifiques (CLS) de l'Etablissement arts et culture situé à la rue Didouche Mourad à Alger. Avec des titres aussi évocateurs que l'ombre de l'obscurité, la recherche du bonheur, «les racines de la vie», le silence» et l'infini, les peintures abstraites de Mohamed Djoua mêlent savamment les techniques mixtes de l'aquarelle, de la gouache, de l'acrylique et même parfois des matériaux inattendus, à l'instar du thé ou du café, pour créer un univers onirique, fruit de la spontanéité, de l'imagination et du subconscient de l'artiste. Un univers qui exprime des états d'âme et les profondeurs du psychique humain, basculant de l'obscurité à la lumière et de la colère à l'espoir.Depuis de longues années, Mohamed Djoua explore l'univers du chrome et du chevalet en tant qu'exutoire au mal-être et aux troubles qui habitent et qui se meuvent dans les abysses de l'être humain. Ainsi, à l'exemple de la musicothérapie, la peinture devient source de guérison aux blessures de l'âme et de l'esprit. Mohamed Djoua souligne à ce propos dans la brochure de l'exposition : «Lorsqu'on parle de la peinture thérapeutique, on fait référence à une méthode basée sur l'acte de peindre et permettant d'emmener un patient à un changement positif dans l'appréciation du monde et de lui-même, c'est pour cela que la peinture et les arts, en général, jouent un grand rôle dans la vie humaine». Il est à noter que lors du vernissage de l'exposition, jeudi dernier, Mohamed Djoua est revenu sur l'historique de la discipline de «l'art thérapeutique» qui a vu le jour dans les années 1930 en Europe et aux Etats-Unis, au moment de la découverte des liens existant entre les pathologies psychiques et l'expression par les malades de leurs troubles à travers le langage symbolique du dessin ou de la peinture. La véritable reconnaissance de cette thérapie en tant que discipline à part entière remonte aux années cinquante à travers l'exposition d'œuvres picturales de personnes souffrant de troubles psychiques, qui a connu un véritable succès auprès des praticiens et du grand public. Aujourd'hui, l'art thérapie occupe une place de choix dans les services hospitaliers, non seulement dans les unités de psychothérapie, mais aussi dans ceux des maladies lourdes, à l'exemple des centres de soins pour cancéreux. A travers des ateliers animés par des psychologues et des artistes, les malades explorent un univers de formes et de couleurs qui permettent d'exprimer leurs sentiments les plus profonds, allant de la frustration à la colère pour aboutir à l'espoir nécessaire pour stabiliser l'état psychique du malade et pour une meilleure valorisation de soi. A travers cette exposition, l'artiste peintre espère sensibiliser les responsables et le grand public à la pertinence d'une telle discipline et souhaite la promouvoir en Algérie, notamment en créant des ateliers thérapeutiques dans les infrastructures hospitalières et dans les centres qui accueillent des enfants en difficulté. Les amateurs de peinture abstraite pourront découvrir «La peinture, Moyen de soin» tous les jours jusqu'à 20 heures, au niveau du CLS de l'Etablissement arts et culture de la wilaya d'Alger. Cette structure a rouvert ses portes au début de ce mois, après une longue période de fermeture. Entièrement rénové, le CLS, situé au cœur de l'une des artères les plus animées de la capitale, est un véritable havre de paix destiné aux enfants scolarisés, aux étudiants et aux adhérents. Il est constitué d'un espace Internet, d'une bibliothèque composée d'un fonds d'ouvrages éclectiques, d'une salle de lecture et d'une grande salle destinée aux expositions. S. A.