Photo : Riad Par Amel Bouakba La pénurie des médicaments destinés aux malades chroniques, en particulier les cancéreux, a été un fait marquant l'année 2010. Les associations de malades sont montées au créneau pour dénoncer un manque criant de médicaments vitaux, dont l'indisponibilité a sérieusement hypothéqué les chances de guérison des patients, obligés d'interrompre leur traitement. Les oncologues avertissent, eux aussi, sur les ruptures de stock de traitement des malades en chimiothérapie, un véritable drame national. Après avoir réfuté la thèse de la pénurie, le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière a bien été obligé d'admettre le problème de rupture récurrente qui met la vie des patients en danger. Pour apaiser la colère des malades, Ould Abbes avait annoncé l'été 2010 que dix milliards de dinars avaient été débloqués au profit de la Pharmacie centrale pour l'acquisition des médicaments manquant sur le marché national. Mais l'année 2010 tire à sa fin et le problème de la pénurie de médicaments indispensables demeure toujours posé. La gestion du marché du médicament reste chaotique, de l'avis des experts, des opérateurs et des associations de malades. Le constat est des plus inquiétants : selon le Syndicat national algérien des officines pharmaceutiques, il y a une centaine de médicaments manquants sur le marché national. Le réseau des associations des maladies chroniques ne manque pas une occasion non plus de dénoncer ce qu'il qualifie de « grave dysfonctionnement dans la distribution et l'approvisionnement notamment au niveau des hôpitaux», pointant du doigt le ministère de tutelle et sa politique hasardeuse dans la gestion du marché des médicaments. L'installation d'une Agence du médicament a été plébiscitée par Ould Abbes et ses prédécesseurs en vue de contrôler le marché du médicament, otage des lobbies pharmaceutiques. Annoncé depuis des années, sa création, prévue avant la fin 2010, tarde toutefois à voir le jour. En attendant, les pénuries de produits pharmaceutiques risquent de s'aggraver encore plus en 2011. Selon une étude récemment élaborée par des opérateurs en pharmacie, des ruptures massives de médicaments sont à craindre l'année prochaine, en raison de l'interdiction à l'importation d'une nouvelle liste de 111 médicaments.