Photo : Riad Par Amel Bouakba Depuis quelques mois, les malades se plaignent de pénurie de médicaments indispensables pour le traitement des pathologies graves comme le cancer, le sida, le diabète… Une situation insoutenable qui devrait être bientôt résolue. C'est du moins ce que promet M. Djamel Ould Abbes, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Il a affirmé que dix milliards de dinars (environ 100 millions d'euros) ont été débloqués pour assurer la disponibilité, avant le mois de Ramadhan, d'une quarantaine de médicaments vitaux en rupture de stock depuis des mois. Il s'exprimait, lundi, lors d'une réunion consacrée à la gestion du marché des médicaments. «Ce montant pourrait être retiré auprès de la Banque nationale algérienne (BNA) et du Crédit populaire d'Algérie (CPA) par la pharmacie centrale pour l'acquisition immédiate de ces médicaments en Algérie», a indiqué M. Ould Abbes. Il a assuré que la pharmacie centrale «bénéficiera de l'aide de l'Etat pour une meilleure efficacité en matière de disponibilité des médicaments à l'ensemble des établissements hospitaliers», relevant toutefois «les difficultés financières que connaît cette structure dont les redevances sont estimées à 14 milliards de dinars et les dettes à 19 milliards de dinars». Le ministre s'est également engagé à assurer la disponibilité des médicaments pour traiter le sida dans les plus brefs délais, expliquant qu'un avertissement «avait été adressé à un laboratoire spécialisé dans ces traitements pour les lenteurs dans l'approvisionnement». Le ministre a précisé qu'une quarantaine de médicaments «sur les 5 400 commercialisés sur le marché algérien» sont actuellement indisponibles. Les déclarations de Ould Abbes sont ainsi en totale contradiction avec les affirmations de son prédécesseur Saïd Barkat, qui avait toujours nié l'existence d'une quelconque pénurie de médicaments dans les pharmacies et les hôpitaux et de vaccins pour les nourrissons. Seules et livrées à elles-mêmes, les associations de malades n'ont cessé, pour leur part, de monter au créneau pour dénoncer des pénuries récurrentes de médicaments vitaux qui mettent en péril la vie des patients. Les cancéreux, les diabétiques, les personnes atteintes de la sclérose en plaques, d'hépatite virale, de sida, pour ne citer que ceux-là, ont souffert et continuent de souffrir d'une série de ruptures de médicaments indispensables dans leur traitement, mais leur cri de détresse n'a pas trouvé d'écho auprès des pouvoirs publics et des autorités sanitaires du pays. Le manque de médicaments nécessaires n'est pas le seul problème constamment soulevé. Les pannes répétées ou «la mise à l'arrêt» des équipements médicaux dans les hôpitaux sont vécues comme un calvaire par nombre de citoyens qui n'ont pas les moyens de se soigner dans les cliniques privées ou à l'étranger. Le cas de la radiothérapie pour les cancéreux est le plus édifiant. Est-il logique de fixer un rendez-vous pour un cas urgent deux ans après sa consultation ? Le même problème se pose aussi pour les malades nécessitant une IRM. Les rendez-vous sont de plus en plus éloignés et beaucoup de malades meurent entre-temps. Il faut dire aussi que, bien souvent, le simple citoyen n'a pas le droit d'accéder aux équipements médicaux, scanner et autres, disponibles dans les hôpitaux publics. Ces appareils semblent être ainsi destinés à une catégorie de patients bien lotis et à un cercle de connaissances et de proches, le favoritisme et le «piston» étant une pratique courante. C'est dire que le secteur de la santé est confronté à des problèmes multiples qu'il faudrait régler tous ensemble pour que le citoyen puisse accéder réellement à des soins de qualité, dans la dignité.