De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Malgré de grandes potentialités matérielles et d'intéressantes ressources humaines - dont une grande partie reste malheureusement marginalisée -, le secteur de la culture tourne en rond, otage d'une administration toujours calcifiée et très sourcilleuse, pour ne pas dire allergique à toute velléité de création.Un bref coup d'œil sur les dix dernières années - et non plus seulement sur la finissante 2010 – permet, en effet, de constater que le secteur culturel oranais n'a pratiquement pas évolué : pas de nouvelles infrastructures (en a-t-on finalement besoin ? peut-on se demander après tout), un parc cinématographique en désuétude, des artistes qui continuent de s'interroger sur une quelconque volonté des autorités de relancer le secteur et, ce qui complique encore davantage la situation, une évidente absence de visibilité et de perspectives malgré les efforts, malheureusement aussi désordonnés qu'isolés et sans réel impact, de quelques responsables locaux. Aucune manifestation culturelle, de quelque ampleur qu'elle fût, n'a pu sérieusement secouer cette léthargie tenace ni venir à bout de la couche de calcaire qui fige les rouages de l'administration.Les plus optimistes qui avaient misé sur le nouveau Festival du film arabe en 2006 et, plus tard en 2008, sur le Festival panafricain pour insuffler une dynamique salvatrice à la culture ont vite déchanté : non seulement aucun enseignement ne semble avoir été tiré mais le Festival du film arabe a même perdu de son épaisseur et Oran a été délestée de son Festival du raï qui, en dépit de sérieuses lacunes, constituait malgré tout un rendez-vous apprécié.Petite consolation de ces années d'indigence culturelle, les efforts consentis par la société civile, des associations, des particuliers ou encore des organismes étrangers établis en Oranie pour apporter un peu d'animation au secteur : on peut citer dans le désordre l'association Chougrani qui avait lancé «Ciné-mardi», ambitieux programme prévoyant la projection, tous les mardis après-midi à la Cinémathèque d'Oran d'un film à 80 ou 90 élèves, Le Petit Lecteur qui s'occupe avec acharnement de la préservation de la littérature pour enfants, Bel-Horizon et Santé Sidi El-Houari qui œuvrent pour la sauvegarde et la réhabilitation du patrimoine historique oranais, Amel qui s'échine à défendre le quatrième art, le Libre Pinceau qui active dans les arts plastiques ou encore les établissements culturels étrangers qui, tels le Centre culturel français ou l'Institut Cervantès, organisent très régulièrement des manifestations culturelles plus ou moins courues.Quel bilan, donc, faire de l'année qui s'achève alors qu'une décennie n'a pas suffi à asseoir une politique cohérente et une réelle stratégie de relance de la culture ? Avec son potentiel et ses ressources, Oran mérite mieux que les pauvres programmes estivaux ou celui du mois de Ramadhan qui n'intéressent presque plus personne.