De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Malgré les efforts, trop souvent conjoncturels, déployés par les pouvoirs publics pour lutter contre le secteur informel, les activités commerciales non autorisées continuent de proliférer à travers la wilaya Oran. Les exemples attestant de la «bonne santé» du secteur informel sont légion : des espaces consacrés à la vente de viandes provenant de l'abattage clandestin aux marchés des fruits et légumes, en passant par ceux des voitures, des matériaux de construction, des vêtements et autres articles de large consommation, le marché informel embrasse désormais toutes les branches de l'activité commerciale. «Plusieurs raisons président à cet état de fait», explique un économiste, enseignant à l'université d'Oran, à savoir «l'impuissance de l'Etat à juguler le secteur informel, l'absence d'une politique économique cohérente qui tienne compte de la réalité algérienne et la grave déliquescence du pouvoir d'achat». D'où l'engouement des populations pour ces marchés aux prix très abordables comparativement «aux commerces légaux qui répercutent sur le prix de leurs marchandises les différentes charges fiscales auxquelles ils sont soumis». Ainsi, on aura beau le critiquer et lui attribuer tous les maux économiques du pays, il n'en demeure pas moins que le secteur informel constitue toujours l'ultime recours des faibles bourses, peu soucieuses des risques encourus, particulièrement lorsqu'il s'agit des produits alimentaires : «Et la situation restera en l'état tant que le pouvoir d'achat ne s'améliore pas», soutient encore notre économiste. La rentrée sociale et le mois de Ramadhan qui arrivent illustreront encore, sans doute, toute l'ampleur que le secteur informel a prise ces dernières années : «Nous offrons des marchandises beaucoup moins chères que les commerces formels. C'est pour cela que les gens nous sollicitent et continueront de nous solliciter», confirme un trabendiste, à l'évidence confiant en l'avenir de son négoce informel, en dépit de la volonté annoncée de l'Etat d'y mettre fin : «L'informel est partout et est accepté par tout le monde, même si beaucoup s'en défendent hypocritement», sourit-il en donnant l'exemple de ces enseignants ou cadres de grandes entreprises nationales qui ont recours aux activités informelles pour arrondir leurs fins de mois. Et lorsqu'on sait que de larges espaces publics sont squattés par les marchés de l'informel, on se demande si ce secteur n'est pas soutenu par ceux-là mêmes qui sont censés le combattre : «Il est vrai que l'informel s'est installé dans les mœurs et qu'il sera difficile de s'en défaire», reconnaît-on de sources proches des structures de lutte contre le trabendo. «Non seulement parce que nous n'avons pas les moyens matériels et les ressources humaines pour lutter efficacement mais aussi et surtout parce que l'informel est presque devenu une seconde nature, et que tout le monde s'y adonne.» L'éradication du secteur informel serait-elle une chimère ?