De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Lorsque Oran, capitale de l'Ouest, abrite un concert ou un gala de moyenne ou grande envergure, les organisateurs butent toujours sur la délicate question matérielle qui les oblige toujours à recourir au privé. Cela s'est notamment vu à l'occasion des différentes éditions du festival du raï et, quelques années plus tôt, lors de la venue d'artistes majeurs de la chanson arabe comme Magda Roumi ou Kadhem Saher au Palais des sports. Non pas que la ville ne dispose pas d'un matériel musical mais sa qualité est d'une telle banalité qu'organisateurs et artistes refusent à juste raison de l'utiliser. D'ailleurs, certains imprudents l'ont appris à leurs dépens et ont vu leurs représentations interrompues à plusieurs reprises pour cause de matériel défaillant (Abdelmadjid Meskoud doit en garder souvenir, lui qui a dû se battre contre son micro lors d'un concert au Palais de la culture organisé au début des années 90).Il est vrai qu'en l'absence de politique culturelle cohérente et de vision claire, il est difficile d'évoquer la question matérielle et infrastructurelle, Oran, ne l'oublions pas, ne disposant toujours pas d'espaces à même d'accueillir de grandes manifestations culturelles, malgré l'existence de joyaux architecturaux en attente de réhabilitation (le cas des Arènes qui n'ont pas encore été restaurées malgré les promesses officielles faites lors de la première édition du festival du film arabe, est, à ce titre, assez révélateur du manque d'intérêt des pouvoirs publics pour la chose culturelle). «Ces engagements sont généralement pris dans ces occasions pour donner l'illusion que la culture occupe une place importante. En fait, dès que les projecteurs s'éteignent, tout redevient comme avant, c'est-à-dire la non-culture», estiment de nombreux artistes oranais lassés par tant de mépris. Malgré la multiplication des événements culturels ces dernières années, la vie culturelle n'a pas encore renoué avec la créativité ou l'originalité, la ville manque toujours de politique culturelle. La quatrième édition du festival du film arabe est aux portes et plusieurs autres manifestations sont annoncées pour l'avenir mais Oran manque toujours de salles de spectacles et ne dispose pas d'équipements de qualité. Comme quoi, quantité ne rime pas nécessairement avec qualité.