L'objectif du ministère de la Culture visant à socialiser la culture s'est essentiellement traduit par la multiplication de festivals, qui se comptent par centaines. Il y en a partout et pour tout, musique, danse, théâtre, BD, livres, peinture. On se paye même le luxe d'avoir des festivals qui se succèdent, voire se chevauchent.Mais dans de nombreuses régions et villes, dont la capitale, entre un festival et un autre, c'est souvent le vide sidéral. L'animation culturelle se tasse en attendant le prochain pic festivalier. En fait, l'institutionnalisation de divers festivals a tendance à vampiriser les autres activités artistiques nécessaires pour assurer une véritable dynamique culturelle tout au long de l'année, qui, elle, pourrait engendrer un ou plusieurs festivals. Car un festival n'est pas une fin en soi. Il ne se décrète pas et ne s'institutionnalise pas par décision ministérielle. Il est le produit d'une activité soutenue dans un domaine donné, qui, arrivée à maturité, peut déboucher sur un rendez-vous national ou international lui permettant de faire le point, de jauger sa production en vue d'aller vers l'excellence et la perfection. Autrement, on alignera des festivals parce qu'il le faut, parce qu'ils sont institutionnalisés, même au détriment de la qualité, même si cela doit déboucher sur un lamentable échec, ce que nous avons vu durant l'année 2010 avec le déplorable ratage des festivals de Djemila et de Timgad qui non seulement se sont succédé mais ont, en plus, présenté le même programme. L'Office national de l'information et de la culture, organisateur des deux festivals, s'est contenté de faire tourner les artistes invités sur les deux scènes, dans deux villes culturellement inertes durant le reste de l'année. Idem pour le Festival national des musiques actuelles de Bordj Bou Arréridj qui s'est avéré dédié plus au raï qu'aux musiques actuelles que, du reste, aucun des organisateurs ne s'est aventuré à définir. Pis, le festival, qui constitue une véritable bouffée d'oxygène pour les gens de la région, n'a pas de site d'accueil parce que la ville ne dispose pas d'infrastructures adéquates pour l'abriter. Le contre-exemple est donné par le festival Dimajazz de Constantine, créé par une association et porté à l'échelle internationale, le Festival des arts de l'Ahaggar organisé par l'Office du parc, le festival les Nuits métisses organisé par l'association Hilal El Saoura ou le Festival national de théâtre organisé à Baraki par une troupe théâtrale. W. S.