Photo : S. Zoheïr Par Badiaa Amarni Le nouveau dispositif mis en place par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural pour encadrer et organiser le fonctionnement de la filière lait, opérationnel dès ce mois, a suscité l'intérêt des professionnels évoluant dans cette activité. Un bilan chiffré émanant du département de Rachid Benaïssa fait apparaître que 139 laiteries ont répondu favorablement à l'appel à manifestation d'intérêt lancé par l'Office national interprofessionnel du lait (Onil) en novembre 2010. Ce qui s'est soldé par le retrait du cahier des charges relatif aux conditions de contractualisation du partenariat avec l'Onil. 118 laiteries ont déposé, dans les délais, leur dossier de candidature afin d'établir un partenariat avec l'Onil pour l'exercice 2011. 112 laiteries ont été retenues pour engager les négociations de contrats de partenariat avec cet office. Sept candidatures ont été rejetées parce qu'elles n'ont pas communiqué des informations fiables, traînent des affaires en justice, sont sujettes à une enquête ou ont rejeté les procédures de contrôle.Il faut savoir que quinze des laiteries retenues sont de statut public contre 97 de statut privé. Ces laiteries partagent équitablement les capacités de transformation du lait. 62% des laiteries relevant du secteur public et du privé, soit 69, collectent du lait cru, ce qui fait d'elles un partenaire prioritaire. Les 43 autres laiteries qui restent ont jusqu'au 30 septembre 2011 pour bénéficier d'un moratoire afin d'intégrer le programme de participation au développement de la production nationale. Ceci à travers des opérations de collecte de lait cru ou par le développement de partenariat avec les éleveurs. Ce nouveau dispositif, sous forme de partenariat, est encadré par l'Etat et liera les laiteries à l'Office national interprofessionnel du lait (Onil). L'objectif visé par cette mesure est «de développer davantage la production nationale de lait et de sauvegarder la dimension sociale dans la politique alimentaire du pays», selon le document du ministère de l'Agriculture. L'adhésion à ce dispositif est volontaire et individuelle, excepté les unités publiques mises sous sujétion. Il est exécuté suivant deux contrats spécifiques. Pour le premier, il s'agira d'acheter «une quantité de poudre de lait subventionnée en contrepartie d'un engagement pour la transformer dans les conditions d'hygiène requises, mettre ce lait à la disposition des citoyens aux normes réglementaires et au prix de 25 DA, dans une aire d'intervention définie à travers un réseau de distribution consolidé». Pour le second contrat, il y a lieu pour la laiterie de s'engager «à la collecte du lait cru, à le pasteuriser et à le revendre à des prix libres, moyennant une information distincte et lisible sur le sachet». En contrepartie, et toujours selon le document du ministère de l'Agriculture, «la laiterie bénéficiera de la prime d'intégration de 4 DA. Si celle-ci renonce à la poudre de lait importée et n'utilise que le lait cru, elle verra sa prime d'intégration passer à 6 DA le litre de lait intégré». Il y a lieu de souligner que les laiteries privées peuvent importer la poudre de lait sur le marché international ou national «à prix réel pour la transformer et mettre sur le marché des laits de consommation et des produits laitiers à prix libres». Une seule exigence existe, cependant, à savoir le respect des prescriptions techniques et des normes sanitaires en vigueur. A signaler que «toute fausse déclaration ou non-respect des clauses contractuelles entraîne l'annulation du contrat et des poursuites administratives. Dans les cas graves, des poursuites judicaires peuvent être engagées, conformément à la législation et la réglementation en vigueur», note le document.Faut-il rappeler enfin que ces mesures ont entraîné l'adhésion «depuis deux ans, des éleveurs qui ont commencé à peupler, pour certains, et à repeupler, pour d'autres, leurs étables». Ce qui s'est traduit par une hausse progressive de l'importation de génisses de haute valeur génétique qui sont ainsi passées de 1 200 têtes en 2008, à 15 000 têtes en 2009 et à 24 000 génisses fin 2010. Ces mesures ont aussi contribué à la mise en place d'investissements dans les cultures fourragères, l'ensilage et les équipements d'élevage.Une large implication des industriels permettrait à ce mouvement de gagner en ampleur et surtout en durabilité à travers leur mobilisation pour développer les réseaux de collecte de lait cru, et nouer avec les éleveurs et les agriculteurs des relations de partenariat pour approvisionner leurs unités de transformation. «Ce partenariat permettra aussi l'importation de vaches laitières et leur mise à la disposition des éleveurs», conclut le ministère.