De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Un retour progressif au calme a été observé hier dans la wilaya de Constantine après trois nuits agitées par des manifestations. La sortie médiatique du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, venue tempérer le climat, et les décisions interministérielles se rapportant à la régulation du marché du sucre et de l'huile, produits pour lesquels la protesta a soi-disant investi la rue à travers le pays, sont analysées différemment au sein de la population. «C'est le même discours à chaque grogne des citoyens. L'Etat, au lieu d'éradiquer le mal, ne fait que le caresser pour éteindre le feu», explique un fonctionnaire. Pour d'autres, le malaise est aussi profond. «Au mois de Ramadhan écoulé, la population a été ‘‘plumée'' dans les marchés. Ce qui a poussé le ministère à importer de la viande de l'Inde. Même la pénurie de lait et l'augmentation des prix d'autres produits n'ont pas déclenché de vagues de protestations visibles.» Du côté de la Direction du commerce, aucune directive n'est venue. «On attend toujours l'application sur le terrain des nouvelles instructions. Pour l'heure, aucune tarification n'est visible. Cela s'explique par le fait que ces décisions sont récentes et il faut un peu de temps pour les matérialiser», avoue une source proche de la Direction du commerce. Elles devraient cependant produire l'effet escompté chez les opérateurs concernés par les importations qui seront exonérés des droits de douane jusqu'au mois d'août, comme édicté dans cette «néo-charte d'urgence». Les marchés constantinois ont donc continué d'appliquer leurs marges sur les produits, car aucune disposition n'a été signifiée. «C'est normal, on ne peut pas du jour au lendemain rectifier la mercuriale», ajoutent nos sources. Il est clair que la DCP demeure en attente pour mettre en vigueur ce plan «éteignoir». Néanmoins, les avis sont partagés. Le uns voient en ce traitement provoqué par la protestation une fuite en avant, les expériences en matière de stabilité des prix n'ont pas porté leurs fruits. «C'est une affaire de spéculation qu'il faut résolument éradiquer. Ces interventions de facilité ne pourront à elles seules mettre fin aux pratiques commerciales indélicates et souvent dissimulées par la crise mondiale, mais elles permettent une accalmie éphémère», lâchent des citoyens. D'autres personnes renvoient la stabilité intégrale à une préoccupation majeure des pouvoirs publics sur les racines du mal qui ronge la société algérienne. «Les jeunes souffrent d'une douleur plus profonde que les prix des produits de large consommation». Huile, sucre… c'est la goutte qui fait déborder le vase. La stabilité des prix du sucre et de l'huile redonnerait confiance aux petites bourses en attendant un amendement judicieux.