Le ministre japonais des Finances, Yoshihiko Noda, a annoncé que Tokyo envisageait d'acheter environ 20% des obligations qui doivent être émises conjointement ce mois-ci dans la zone euro, dans le cadre du plan de sauvetage de l'Irlande, en puisant dans ses réserves de changes libellées en euro. «Je pense qu'il est approprié pour le Japon d'acheter un certain nombre d'obligations pour accroître la confiance dans le Fonds européen de stabilité financière (FESF) et apporter notre contribution en tant que grand pays», a déclaré M. Noda à la presse après une réunion du Conseil des ministres.Cette annonce a brièvement soutenu l'euro. La monnaie unique, tombée lundi dernier à un plus bas de quatre mois, a grimpé jusqu'à 1,2992 dollar avant de retomber lorsqu'il a été clair que Tokyo utiliserait ses réserves de changes existantes pour procéder à ses achats. Vers 8 heures GMT, l'euro se traitait autour de 1,2930 dollar. Le FESF, doté de 440 milliards d'euros, a été mis sur pied par l'Union européenne pour venir en aide aux pays les plus endettés, mais il n'a pas rassuré les investisseurs quant à une possible extension de la crise de la dette. Cet engagement du Japon intervient alors que les inquiétudes redoublent concernant la situation du Portugal, dont les investisseurs redoutent qu'il soit le prochain pays de la zone euro à faire l'objet d'un plan de sauvetage, après la Grèce et l'Irlande. Les Européens ont dû monter à nouveau au créneau lundi dernier pour démentir des rumeurs d'aide imminente au Portugal. Selon des traders, la Banque centrale européenne s'est portée au secours de Lisbonne en achetant de la dette souveraine portugaise à cinq et dix ans.Rompant le front uni des dirigeants européens qui se sont voulus rassurants sur la situation portugaise, le ministre finlandais des Finances, Jyrki Katainen, a déclaré hier que l'Irlande pourrait ne pas être le dernier pays à faire l'objet d'une aide. M. Katainen a également pressé Lisbonne d'agir de manière décisive pour calmer les marchés, refusant toutefois de confirmer l'existence de discussions sur d'éventuels prêts au Portugal.Les investisseurs doutent toutefois que l'achat d'une partie de la dette européenne par le Japon puisse apporter un répit durable à la monnaie unique ébranlée par la crise de la dette. L'impact de la décision japonaise devrait être de courte durée, estiment des analystes. «Je ne crois pas que ces commentaires modifient la toile de fond pour l'euro», a commenté Todd Elmer, spécialiste des changes pour Citi à Singapour. «Malgré cette vague de soutien international, cela ne change ni ne règle le problème sous-jacent, et cela ne changera pas tant que les autorités européennes ne seront pas parvenues elles-mêmes à une solution plus complète pour limiter les retombées de la crise de la dette.» En fait, le Japon, selon des analystes, s'inquiète de l'impact de la crise pour sa propre économie, très dépendante des exportations, et compte également profiter de ce geste pour réaffirmer sa place sur l'échiquier international. En effet, la décision de Tokyo intervient une semaine après que Pékin a réaffirmé la semaine dernière son intention d'acheter des obligations espagnoles pour soutenir la quatrième économie de la zone euro, très exposée à d'éventuelles turbulences au Portugal. L'année dernière, Pékin avait aussi proposé d'acquérir du papier grec pour soutenir Athènes confronté à la défiance des investisseurs. En emboîtant ainsi le pas à la Chine, le Japon tente de préserver son rang sur la scène économique internationale face à l'influence grandissante de Pékin. «Alors que la Chine s'est engagée à acheter des obligations de la zone euro et que sa diplomatie basée sur ses réserves de changes devient de plus en plus importante, le Japon semble vouloir suivre son exemple pour s'assurer un soutien européen en cas de négociations futures, soit avec les Etats-Unis, soit avec la Chine», estime Yasunari Ueno, de Mizuho Securities. Reuters Le Portugal rejette toute aide Le Portugal a dépassé les objectifs qu'il s'était imposés en matière budgétaire pour l'année 2010 et n'a pas l'intention de demander d'aide internationale, a déclaré hier le Premier ministre José Socrates. Le déficit était finalement inférieur à l'objectif visé de 7,3% du produit intérieur brut (PIB) en 2010. En 2009, le déficit avait atteint 9,3% du PIB. Lisbonne vise pour 2011 un déficit ramené à 4,6% du PIB. Les recettes budgétaires, attendues en hausse de 4,5%, ont finalement augmenté de 5,3% l'an dernier, a indiqué le chef du gouvernement. Affirmant que son pays faisait le nécessaire pour résoudre ses difficultés, M. Socrates dira que les rumeurs sur un possible sauvetage financier du pays ne faisaient que le jeu des spéculateurs et n'aidaient en rien le Portugal. Peu auparavant, son ministre des Finances Fernando Teixeira dos Santos, interrogé par la station de radio TSF, avait également souligné que Lisbonne n'avait pas l'intention de solliciter l'Union européenne et le Fonds monétaire international, comme la Grèce et l'Irlande ont dû s'y résoudre en 2010. Soulignant le travail effectué par son pays, jugeant sévèrement celui de l'Union européenne. «Nous faisons notre travail. De toute évidence, l'Europe ne fait pas le sien pour garantir la stabilité de l'euro», avait-il dit.