Photo : S. Zoheir Par Amirouche Yazid L'avenir immédiat du football algérien est suspendu à l'issue du match que livrera la sélection nationale contre le Sénégal, vendredi prochain, au stade de Blida. Nous avons pris le soin d'écrire «l'avenir immédiat» car même une performance des Verts ne devrait pas signifier un regain de santé de notre sport roi. Le premier responsable technique de la sélection l'avoue. «Nous sommes très loin. Il ne faut pas qu'on se leurre», déclare Saadane à chaque sortie médiatique. L'intérêt de la rencontre Algérie-Sénégal réside dans le fait qu'elle ouvrira les portes de qualification au vainqueur. Côté algérien, il n'y a pas de choix : la victoire ou la déroute. Contrairement aux Lions de la Téranga qui peuvent se contenter d'un partage des points en attendant la dernière journée du groupe. C'est dire que la position des Verts est assez compliquée. Elle le devient davantage dès qu'on prend en considération la valeur des deux formations aussi bien du point de vue du talent individuel des joueurs que de l'efficacité du jeu collectif. Loin de constituer un foudre de guerre, les Sénégalais des éliminatoires de 2008 ont beaucoup perdu de leur force. Ils préservent cependant leur rage de vaincre même quand la manière et le spectacle ne sont pas assurés comme c'était le cas auparavant. Il est clair que le onze sénégalais a atteint la phase de la maturité avec des joueurs âgés dans la moyenne entre 28 et 31 ans. Mais depuis qu'une certaine instabilité administrative a atteint le football sénégalais, les résultats ne sont plus à la hauteur du talent de cette génération de joueurs d'exception à leur tête Hadji Diouf, sociétaire du club anglais de Sunderland. Le sélectionneur est manifestement conscient de la tâche qui attend son équipe à Blida. «Notre position actuelle à la tête du groupe 6 est une performance pour le moins méritoire devant des équipes en construction», s'est satisfait le coach sénégalais qui a rappelé «le travail effectué à la tête de la sélection depuis le mois de mai dernier où il fallait, a-t-il dit, réorganiser l'équipe après la débâcle de la Coupe d'Afrique disputée au Ghana», déclarait Lamine Ndiaye quelques jours avant l'explication Algérie-Sénégal. L'instabilité qui a frappé les institutions du football sénégalais, si pesante soit-elle, ne semble pas néanmoins déchirer le foot dans ce pays, comme peut l'illustrer sa présence régulière dans les grands rendez-vous continentaux même si son parcours dans la dernière épreuve de la Coupe d'Afrique des nations a donné aux observateurs des raisons d'annoncer sa mort. Les Verts sont dans une phase peu rassurante avec un grand retard à rattraper. D'abord, celui d'une absence à deux éditions de la CAN. Ensuite, celui de ne pas avoir disputé de rencontre à grand enjeu depuis belle lurette. Les Verts gardent d'ailleurs un mauvais souvenir du dernier match des éliminatoires de la précédente édition de la Coupe d'Afrique contre la Guinée. Un match où l'Algérie pouvait se contenter d'un nul devant plus de cinquante mille de ses supporters venus célébrer le retour de la sélection nationale sur la scène continentale. Les Verts, sous la conduite de Cavalli, n'ont pas su maîtriser une partie pourtant à leur portée devant la Guinée. Entraînement à Rouiba, match à Blida ! Les Verts seront dans une situation plus pressante, vendredi soir, au stade Mustapha Tchaker de Blida où même le partage des points ne fera pas leur affaire compte tenu du classement des deux équipes dans le groupe 6. Si, en matière d'encadrement technique, on ne peut que saluer le bond de l'Algérie qui passe de la pauvreté managériale de Cavalli à l'expérience et à la maîtrise du sujet chez Rabah Saadane, en termes de conjoncture, l'actuel sélectionneur national est loin d'être aidé. Les joueurs professionnels ne sont pas au mieux de leur forme. Certains même sont loin de la compétition à l'image de Belhadj et de Saïfi. A ces aléas, il faudrait ajouter l'absence du capitaine d'équipe, Yazid Mansouri, suspendu pour cette rencontre. Pour l'animation offensive, l'espoir des Algériens portera sur deux noms : Bezzaz et Ziani. Mais au-delà du poids de chaque élément, il convient d'admettre que le mental du groupe déterminera sans l'ombre de doute l'issue du match. La qualité de la préparation effectuée fera dès lors la différence. Sur ce terrain, les soucis ne manquent pas, côté algérien. La préparation des Verts laisse à désirer pour plusieurs facteurs. Ce n'est pas le match amical livré contre les Emirats arabes unis qui garantirait une belle production des poulains de Saadane, appelés à faire preuve d'efficacité devant les buts de Tony Silva à défaut de pouvoir imposer leur rythme du jeu. Il serait néanmoins inutile d'attendre la prestation des camarades de Lemouchia pour évaluer la préparation des Verts pour cette circonstance. Vu le souci posé par la qualité de la pelouse de la ville des Roses, le sélectionneur national a été contraint de vadrouiller avec ses capés d'un site à un autre, avec souvent l'espoir de trouver les conditions nécessaires pour une préparation à la mesure de l'enjeu de la rencontre. Et quand on sait qu'un match de championnat (USMB-JSMB) initialement prévu pour le 26 août dernier a été reporté pour préserver la pelouse dans la perspective du match Algérie-Sénégal, on déduira logiquement que la sélection nationale n'aura pas la possibilité d'effectuer des séances d'entraînement sur le terrain principal. La sélection algérienne se retrouvera par la suite obligée d'aller à la recherche d'un lieu de regroupement. Le staff technique national n'a visiblement pas trouvé mieux que le stade de Rouiba doté, certes, d'une pelouse en gazon naturel mais dont la qualité est loin de favoriser le beau football. C'est la lancinante question de l'infrastructure qui refait surface. Pour rappeler à l'Algérie du football que le pays accuse un grand retard en matière d'infrastructures sportives, que cela soit pour les regroupements ou pour les matches officiels. Saadane l'a rappelé à maintes reprises. Constatons aujourd'hui que, dès qu'il soulève la question du manque de moyens, on assiste à une véritable levée de boucliers. Si a priori l'actuelle équipe fédérale n'a pas visiblement tenu ses engagements particulièrement dans ce volet bien précis, il y a lieu de noter que rien n'a été fait en matière d'infrastructures. La responsabilité de la FAF est entièrement engagée. Comme d'ailleurs celle du ministère de la Jeunesse et des Sports qui, malgré une embellie financière jamais vécue par le pays, n'arrive pas à débloquer des budgets conséquents pour bâtir des stades et des sites sportifs à la mesure de la demande. Notons également que la construction de certains stades qui servent parfois pour les matches de championnat, à l'image de celui de Koléa, n'a pas été faite comme il se doit. La régression du football algérien est si grande qu'il se console de piètres acquis aussi bien en matière de résultats techniques qu'en ce qui concerne les infrastructures de base. Alors qu'il est attendu que les dirigeants exigent des infrastructures conformes au standing de l'Algérie, du moins au niveau continental, on en est réduit étrangement à se satisfaire de l'inauguration de stades généralement inachevés et dont les capacité ne dépasse pas les 10 000 places. La valeur d'une discipline se mesure à la qualité de l'infrastructure dont elle dispose. C'est en tenant compte aussi de l'infrastructure qu'on définit les objectifs. L'Algérie du football est à ce niveau, comme l'illustre cette sélection nationale, réduite à chercher un terrain où s'entraîner.
