En 2050, la planète comptera 9 milliards d'êtres humains. Si notre régime alimentaire continue de s'enrichir, pour tenir ce rythme, il faudrait augmenter la production de nourriture de plus de 85%. Comment relever ce défi, sans risquer de nouvelles crises alimentaires, ni menacer d'avantage notre environnement ? C'est la question sur laquelle ont planché pendant quatre ans les chercheurs de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) et du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Leurs conclusions impliquent de grands changements dans nos étals et dans nos assiettes.Aujourd'hui, un individu dispose, en moyenne, d'une quantité de nourriture de 3 000 kilocalories par jour, contre 2 500 en 1961. C'est suffisant pour un homme de taille moyenne et ayant une activité physique régulière. Sauf que ce chiffre cache de nombreuses disparités. Dans les pays de l'OCDE, la moyenne frôle les 4 000 kilocalories - 6 300 si l'on compte la nourriture nécessaire à l'alimentation animale - ce qui est trop élevé. A l'inverse, la nourriture disponible Afrique subsaharienne représente seulement 2 500 kilocalories, ce qui est insuffisant. «Le régime alimentaire des pays développés n'est pas durable» et peu encore moins être généralisé à l'échelle de la planète, analyse Bruno Dorin, ingénieur au Cirad. La juste consommation quotidienne s'élève selon lui à 3 000 kilocalories par jour.Pour l'atteindre, la consommation doit croître de 30% dans les pays en développement. Dans les pays riches, elle doit diminuer de 25%. Inutile pour autant de se mettre à la diète. Il suffit de réduire le gâchis: entre 30 et 50% de la nourriture achetée aujourd'hui est jeté. «On peut aussi privilégier les aliments les moins caloriques, comme les fruits et légumes», précise Bruno Dorin.Autre solution, manger moins de viande. Selon Sandrine Paillard, économiste à l'Inra, la nourriture pour bétail équivaut aujourd'hui à la ration alimentaire de 800 millions d'être humains. Cela ne veut pas dire qu'il nous faut tous renoncer au steak, mais ralentir la consommation peut soulager la planète. Comptez en effet quatre kilos d'aliments pour produire un seul kilo de porc, selon l'Inra. Ces bonnes résolutions seraient positives pour la santé publique, puisque l'obésité «touche aujourd'hui 700 millions d'adultes», selon Sandrine Paillard. De bonne nouvelles aussi pour la planète, puisqu'une augmentation de la production alimentaire serait très consommatrice d'énergie, et pour la sécurité alimentaire, car la demande va déjà beaucoup augmenter dans les années à venir notamment à cause de la production de biocarburant.«Tout le monde sait qu'il faut manger moins et manger mieux et pourtant il est très difficile de changer», concède Marion Guillou, présidente de l'Inra. Celle-ci souhaite «trouver des explications». Elle cite notamment des causes psychologiques, rappelant que «le mode alimentaire d'un enfant est directement lié à la distance entre son école et un fast-food», ou encore que «si l'on mange dans une plus grande assiette, ou en ne faisait pas attention à ce que l'on avale, on arrivera moins rapidement à satiété». Les deux instituts vont lancer des programmes de recherche dans ce sens. T. S. In 20 minutes.fr