Trois jours après l'accord conclu entre le ministère du Commerce et les opérateurs économiques intervenant dans les filières sucre et huile pour faire baisser les prix de ces deux produits, un bras de fer est engagé entre le groupe Cevital et le ministère du Commerce par communiqués interposés. En fixant les prix d'usine à 69,50 dinars le kilogramme pour le sac de 50 kg, à 74,50 DA pour le paquet d'un kilo de sucre et à 495 DA le bidon de cinq litres d'huile végétale de qualité Elio (contre 210 dinars les deux litres et 110 dinars le litre), Cevital a, dans un communiqué rendu public, précisé que ces prix ont été calculés sur la base des exonérations des droits de douane (5%) et de la taxe sur la valeur ajoutée (17%). Il a également invité tous les opérateurs de la distribution à ne pas dépasser les prix finaux fixés par le gouvernement à 90 dinars le kilo et à 600 DA le bidon de cinq litres d'huile. Mais la fourchette arrêtée par le groupe Cevital, inférieure aux quotas imposés par le gouvernement, a suscité des réactions de mécontentement au niveau du ministère du Commerce. Le département de Mustapha Benbada n'a pas tardé à riposter en adressant une mise en demeure au groupe agroalimentaire sommé de se conformer à l'accord conclu dimanche dernier entre les producteurs et les importateurs. C'est du moins ce qu'a annoncé l'APS, citant une source du département de Mustapha Benbada. Toujours, selon l'APS, c'est à l'issue des opérations de contrôle lancées par la Direction du contrôle commercial et de la répression de la fraude pour vérifier l'application de cet accord que les agents «ont constaté que les prix appliqués par Cevital sur le sucre et l'huile ne sont pas conformes aux termes de l'accord». Cevital est donc clairement accusé de «casser» les prix pour garder le monopole du marché, alors que le groupe a bien noté dans son communiqué que les prix de vente chez les détaillants sont les mêmes que ceux fixés lors de la réunion avec Benbada. A travers cette réaction, le ministère du Commerce s'aligne sur la position des autres intervenant dans la production et la transformation du sucre et de l'huile, qui se sont élevés ces deux derniers jours contre les nouvelles pratiques exercées par Cevital. Ces producteurs parlent même de «pratiques déloyales». En attendant la réaction de Cevital aux sommations du ministère du Commerce, une chose est certaine, cette situation n'est que le résultat de l'absence d'un conseil de la concurrence sur le terrain, dont l'une des missions consiste essentiellement à interdire aux opérateurs de recourir au dumping pour éviter des dommages aux branches de production nationale, comme c'est le cas actuellement pour l'huile et le sucre. Institué en 2003, ce conseil attend toujours son installation. S. I. Lancement dimanche prochain d'une vaste opération de contrôle des prix La Direction du commerce de la wilaya d'Alger lancera à partir de dimanche prochain une vaste opération de contrôle des prix de l'huile et du sucre afin de s'assurer de l'application des mesures prises récemment par le gouvernement «D'importants moyens humains seront mobilisés pour cette opération qui va nous permettre de s'assurer de l'application des nouveaux prix du sucre et de l'huile à la production, à la sortie d'usine, ensuite au stade de la distribution de gros et les prix au détail», a déclaré M. Youcef Lamari, directeur du Commerce d'Alger cité par l'APS . Ainsi, plusieurs brigades totalisant au moins 160 contrôleurs seront mobilisées à cet effet. Cette opération vient en application de l'accord conclu entre le ministère du Commerce et les producteurs et transformateurs de sucre et d'huile pour fixer le prix de ces deux produits à la consommation à 90 DA/kg pour le sucre et à 600 DA le bidon d'huile, et ce avant la fin de cette semaine. Dans un premier temps, pas moins de 50% de l'effectif des contrôleurs des prix sera mis à contribution au titre de ce dispositif spécifique, ajoutant qu'il sera procédé à la répartition des brigades dont dispose la Direction du commerce sur les commerces de gros et ceux de détail, mais également sur les unités de production. R. E.