Issad Rebrab souligne que “Cevital ne fait pas de dumping. C'est une entreprise qui respecte scrupuleusement la loi”. Y a-t-il cafouillage dans l'application des mesures prises par le gouvernement pour plafonner les prix du sucre et de l'huile ? Selon une dépêche publiée par l'APS, “le groupe agroalimentaire Cevital a été sommé, hier, par le ministère du Commerce de se conformer à l'accord conclu dimanche dernier avec les opérateurs économiques (producteurs et importateurs) du sucre et de l'huile pour faire baisser les prix de ces deux produits”. Contacté, le président du conseil d'administration du groupe, Issad Rebrab, affirme que “Cevital a appliqué strictement l'accord”. L'accord disait que “les prix aux consommateurs” sont fixés à 90 dinars le kg pour le sucre et à 600 dinars le bidon d'huile de 5 litres. C'est ce que Cevital a entrepris. Dans un communiqué, le groupe agroalimentaire, souligne qu'“à la suite des dernières décisions du gouvernement d'exonérer les produits alimentaires de large consommation des droits de douane (5%) et de la TVA (17%), Cevital a immédiatement répercuté l'intégralité de ces baisses consenties par les pouvoirs publics pour stabiliser les prix de l'huile et du sucre sur le marché”. Pour le sac de 50 kilogrammes de sucre, Cevital a décidé de fixer le prix à 69,50 dinars le kilogramme, alors que le paquet d'un kilogramme Skor Cevital est cédé à 74,50 dinars. Pour l'huile végétale de base de qualité Elio, le groupe propose 495 DA pour le bidon de 5 litres, 210 DA pour la bouteille de 2 litres et 110 DA pour celle d'un litre. Cependant, Cevital précise que ce sont des prix “sortie usine”, invitant “les opérateurs de la distribution, y compris les détaillants, à ne pas dépasser les prix aux consommateurs fixés par le gouvernement à 90 dinars le kilo de sucre et à 600 dinars le bidon de 5 litres d'huile”. Cevital a donc respecté “strictement” l'accord conclu le 9 janvier entre le ministère du Commerce et les producteurs et importateurs de sucre et d'huile. M. Issad Rebrab souligne que Cevital “ne fait pas de dumping. C'est une entreprise qui respecte scrupuleusement la loi”. En outre, contrairement à ce qui a été avancé, le président du conseil d'administration du groupe Cevital affirme que son entreprise n'a jamais demandé à ses clients de payer par chèque, avant l'entrée en vigueur de cette mesure, le 31 mars prochain. En outre, si Cevital a décidé de baisser les prix, c'est pour l'intérêt du citoyen. Au départ, le groupe Cevital a été accusé d'avoir augmenté les prix alors qu'il ne l'avait pas fait, contrairement à ses concurrents qui, eux, avaient répercuté la hausse du marché mondial sur les prix du marché local. Aujourd'hui, on lui reproche de trop baisser les prix. Quand ces derniers étaient élevés, le ministère du Commerce s'était inquiété pour le pouvoir d'achat des consommateurs. Maintenant que les prix ont baissé, il s'inquiète de cette baisse. Décidément, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans cette affaire. Selon un article publié par le journal électronique TSA, “les importateurs de sucre sont les grands gagnants… Ils ont obtenu du gouvernement un cadeau inespéré : une suppression de toutes les taxes sur l'importation de sucre blanc, soit un total de 52,1%”. “Avant les émeutes, le sucre blanc d'importation était frappé de 30% de droits de douane et de 17% de TVA. Aujourd'hui, les taxes sur le sucre blanc importé sont nulles. Les producteurs locaux de sucre ont obtenu la suppression de la TVA (17%) sur le sucre blanc et 5% de droits de douane sur le sucre roux (matière première pour la fabrication du sucre blanc). Le lobby des importateurs a donc une nouvelle fois gagné contre les producteurs locaux”, estime TSA. Malgré “ce cadeau” offert aux importateurs, ces derniers semblent incapables de tenir la concurrence. C'est que, avec les prix actuels sur le marché international et avec les mesures de réduction qui ont été décidées, le sucre importé reviendrait à 73,50 dinars rendu au port d'Alger, sans les frais de déchargement. Alors que le sucre de Cevital sortie d'usine ne dépasse pas 69,50 dinars le kilogramme pour le sac de 50 kilos. Si la loi interdit de pratiquer le dumping, aucun texte n'interdit de vendre à des prix compétitifs. “Cevital veut défendre son marché”, indique M. Rebrab. Cependant si Cevital, de par sa taille, est concurrentiel, même sur le plan international, ce n'est pas le cas pour les autres raffineurs de sucre. Les trois raffineries situées à Mostaganem, Khemis Miliana et Guelma risquent de fermer consécutivement à la concurrence des importateurs.