De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Elles sont encore rares dans la wilaya de Tizi Ouzou les associations culturelles capables de monter un programme sans l'implication directe des institutions de l'Etat ou de sponsors prêts à mettre la main à la poche au profit de la culture. Mais comme ces derniers n'ont pas encore intégré cette option dans leur stratégie de management, seuls les pouvoirs publics sont susceptibles de faire en sorte que le tissu associatif soit capable de monter un programme culturel digne de ce nom. C'est la seule manière, pour l'instant, d'occuper la scène culturelle et de meubler un tant soit peu le quotidien morose des citoyens. Mais cela reste naturellement très insuffisant eu égard à la taille de cette wilaya et à l'importance que sa population accorde à la question culturelle, surtout que l'aide des pouvoirs publics reste dérisoire, procédant annuellement à l'émiettement d'une cagnotte réservée au tissu associatif. Quels que soient le programme des associations culturelles et leurs différentes activités, les subventions qu'elles reçoivent des pouvoirs publics, quand elles en bénéficient, dépassent rarement les 120 000 dinars, dérisoires et suffisant à peine à monter un spectacle. De nombreuses associations, en effet, ne reçoivent rien de la part des autorités et si cela est justifié pour certaines d'entre elles, ce n'est pas du tout le cas pour d'autres, vu le travail qu'elles accomplissent et qui mérite toute l'attention et l'aide nécessaires.A ce titre, l'on se demande toujours à chaque fois pourquoi une activité aussi ingénieuse et aussi réussie que le festival de Racont'Arts, organisé annuellement par la Ligue des arts dramatiques et cinématographiques (LADC) ne bénéficie pas du soutien des pouvoirs publics. Surtout que les animateurs de cette association se débrouillent comme ils peuvent pour réunir les conditions de réussir cette manifestation qui a dépassé les frontières de l'Algérie. En effet, dans le but de sauver le festival de la disparition, les organisateurs ont dû solliciter l'implication des villageois qui accueillent la manifestation dans son chapitre restauration et hébergement, et ce, avec l'assentiment des festivaliers, y compris de nombreux artistes européens qui acceptent de participer au festival dans une sorte d'aventure dans les villages de Kabylie. D'autres associations ont tous les égards et beaucoup de soutien, alors qu'elles font de la figuration sur la scène culturelle locale, pendant que d'autres encore peinent à monter même une simple exposition pour des raisons évidentes de manque de financement. Il est difficile dans ces conditions, de meubler le quotidien des citoyens, particulièrement ceux des villages enclavés ou même des localités, en dehors du chef-lieu de wilaya. Surtout qu'en plus de ce problème épineux de moyens financiers et logistiques, il y a également la problématique des infrastructures culturelles qui demeurent quasi inexistantes, en attendant la réalisation des projets en cours et l'inscription de nouveaux projets dans différentes localités de la wilaya. La bousculade dans les différents locaux de la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou n'est pas faite pour faciliter les activités aux associations culturelles de la wilaya. Donc, à quelques exceptions près, seuls les pouvoirs publics disposent des moyens suffisants pour monter des programmes d'activité et occuper la scène culturelle locale en bénéficiant des facteurs temps et espace, et ce, en plus des moyens financiers suffisants mis à la disposition des responsables du secteur de la culture. La direction de la culture de cette wilaya a même bénéficié, il y a un peu plus d'une année, d'une scène artistique professionnelle susceptible d'accueillir des artistes de haut niveau. Une scène que seuls les stades sont capables d'abriter, vu le déficit infrastructurel dans le secteur de la culture. Les associations peuvent toujours attendre un changement de culture chez les opérateurs économiques de la région toujours réticents à l'idée de sponsoriser des activités culturelles, ou trouver d'autres moyens de financement qui les aideraient à mettre en œuvre leurs différents programmes d'activité. Entre- temps, les pouvoirs publics devront changer leur façon de distribuer les subventions en axant leur action sur la qualité des activités et l'honnêteté des animateurs associatifs plutôt que sur la quantité d'associations subventionnées. Et pour l'instant, les animateurs associatifs activant dans le secteur de la culture font ce qu'ils peuvent pour ne pas disparaître de la scène locale, en attendant des jours meilleurs.