De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati La pléthore d'associations culturelles qui activent dans la wilaya de Tizi Ouzou arrive-t-elle à faire bénéficier la population des contrées éloignées de leurs différentes activités ? Rien n'est moins sûr dans la mesure où une bonne partie d'entre elles déjà se trouvent en hibernation depuis de longues années, principalement pour des raisons financières. Mais aussi en raison de la mauvaise foi de leurs animateurs, pour certaines d'entre elles. Mais il est vrai que la question du financement du mouvement associatif reste l'obstacle principal à la promotion et au développement de la culture de proximité dans la wilaya de Tizi Ouzou. Les subventions allouées par les institutions de l'Etat aux associations culturelles sont tout simplement dérisoires et cela n'aide pas les centaines d'animateurs associatifs dans leur volonté d'activer au niveau local et de façon régulière. Et dans une wilaya où la pauvreté gagne de plus en plus de terrain, il est quasiment utopique de trouver des financements auprès de la population qui survit tant bien que mal face à une situation socio-économique moribonde. C'est ce qui fait que la plupart de ces associations sont entrées depuis plusieurs années dans un coma profond dont elles sortent rarement et de façon très timide. Surtout que le faible tissu économique de la wilaya ne se sent pas vraiment concerné par la cruciale question de sponsoring qui constitue aujourd'hui la seule voie de salut pour les associations culturelles et autres. En l'absence d'une économie forte dans la région, c'est la culture économique qui va manquer à nos opérateurs économiques dont l'adoption de l'idée de marketing reste toujours une illusion. Même la confection de petits gadgets et autres calendriers ne marche plus comme au début des années quatre-vingt-dix quand un petit calendrier cédé à cinq dinars en fin d'année permettait à des associations d'organiser plusieurs activités. Il y a, toutefois, un autre paramètre qui empêche la culture de proximité de s'épanouir dans les différentes localités de la wilaya de Tizi Ouzou. La sempiternelle question du manque d'infrastructures dignes de ce nom dont souffre la wilaya est toujours aussi épineuse dans la mesure où même les animateurs associatifs, encore actifs malgré tout, préfèrent s'adresser à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou pour organiser leurs activités, celle-ci étant la seule infrastructure culturelle en activité. En fait, les responsables des associations culturelles optent souvent pour cette infrastructure du chef-lieu de wilaya afin de faire connaître leurs associations et leurs activités à plus de monde. Avec cette précision que les quelques structures existant au niveau des localités, principalement les maisons des jeunes dépendant de la direction de la jeunesse et des sports, sont pratiquement désertées par la population des localités concernées. «Pourquoi organiser des activités dans notre maison de jeunes alors que les jeunes même de mon village n'y vont jamais ?» dit le président d'une association culturelle d'une commune éloignée de la wilaya. C'est dire le dilemme des animateurs associatifs qui n'ont pas les moyens d'activer régulièrement mais qui doivent penser à sortir de leurs localités respectives pour que leurs activités ne passent pas inaperçues. Mais dans ce monde de tristesse culturelle, la Ligue des arts dramatiques et cinématographies (LADC) de la wilaya de Tizi Ouzou constitue sans nul doute une sorte de petit sourire culturel et militant qui égaye un tant soit peu quelques villages reculés et anonymes avec son fameux festival culturel des Raconte Arts. Organisé chaque année par la bande d'El Hassan Metref et M'Barek Menad, le festival en question ne se tient pas dans des grandes villes mais dans des villages reculés de la wilaya et, surtout, il change de village tous les mois de mars, et ce, depuis sept éditions. D'Ath Yanni à Bouzeguène, en passant par Ouadhias et At Yahia Moussa, le festival des Raconte Arts a animé les rues de plusieurs villages où même les villageois eux-mêmes sont impliqués dans l'organisation et l'animation et en présence de conteurs et d'artistes algériens et étrangers de qualité.