De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Les contrées éloignées de la wilaya de Tizi Ouzou bénéficient rarement de programmes d'activités culturelles. Pour beaucoup d'entre elles le mot «jamais» est plus adéquat tellement les villageois se sentent abandonnés dans leurs besoins vitaux. Les associations recensées sur le territoire de la wilaya ne sont plus que l'ombre d'elles-mêmes. Plusieurs centaines d'entre elles ont cessé leurs activités faute de moyens logistiques mais surtout financiers, alors que d'autres militent sporadiquement en fonction des moyens disponibles et des événements à célébrer. Des associations qui résistent aux renoncements et aux démissions mais aussi et surtout aux parasitages dont se sont rendues coupables certaines d'entre elles (ou plutôt quelques animateurs associatifs) qui gravitent autour des pouvoirs publics pour exercer et bénéficier de quelques largesses. Donc, il reste peu d'associations culturelles encore réellement actives sur le terrain dans la wilaya de Tizi Ouzou. Et rares sont celles qui disposent de moyens adéquats pour mener à bien leurs diverses missions, notamment celle qui consiste à socialiser la culture à travers une présence régulière dans les coins les plus reculés de la région. La Tribune a souvent abordé différents aspects de la question culturelle et du mouvement associatif en donnant la parole à de nombreux animateurs associatifs de plusieurs régions du pays qui n'ont pas manqué de dénoncer les faibles moyens dont ils disposent pour pérenniser l'action culturelle. D'autres ont dénoncé «des représailles» de la part des pouvoirs publics qui «n'acceptent pas d'aider les associations qui ne se soumettent pas aux desiderata des responsables». Dans les villages enclavés de la wilaya de Tizi Ouzou, les moyens insignifiants des associations locales ne permettent pas aux villageois de bénéficier de l'activité culturelle en quantité et en qualité, faisant ainsi de la culture de proximité un concept loin de la réalité. Une réalité constatée aussi au niveau des centres urbains de la wilaya dans la mesure où les pouvoirs publics concentrent leurs activités dans le chef-lieu de wilaya, plus précisément à la maison de la culture Mouloud Mammeri, la seule structure susceptible d'accueillir des activités de grande envergure. Malheureusement, pour les habitants des contrées reculées de la wilaya, même les animateurs associatifs préfèrent se déplacer vers la ville de Tizi Ouzou pour présenter leurs activités dans l'espoir de se faire connaître et de bénéficier d'hypothétiques sponsors qui ne viennent pratiquement jamais. C'est aussi parce que, dans leur imaginaire, c'est la seule manière de décrocher les subventions de l'Etat, abandonnant ainsi leurs propres villageois pour de sommes dérisoires accordées par les pouvoirs publics. Mais la question des moyens financiers n'est pas le seul paramètre qui explique cette absence de notion de culture de proximité, surtout dans une wilaya réputée dense en activités culturelles. L'absence d'infrastructures culturelles dignes de ce nom sur tout le territoire de la wilaya n'est pas pour aider à socialiser la culture ni à promouvoir la notion de culture de proximité. En effet, à l'exception de la maison de la culture Mouloud Mammeri, qui accueille des activités de différentes disciplines culturelles et artistiques, aucune autre infrastructure de cette taille n'est disponible dans la wilaya. Le théâtre régional Kateb Yacine, transféré depuis des années de l'APC de Tizi Ouzou vers la direction de la culture de la wilaya n'a pas encore été livré, suite au retard accusé dans les travaux de réhabilitation. La direction de la culture concentre ses activités à la maison de la culture du chef-lieu de wilaya, même si durant certaines manifestations, la volonté de partager les activités avec les citoyens de toutes les régions de la wilaya est visible. C'est le cas par exemple du Festival culturel arabo-africain de danses folkloriques lors duquel des troupes algériennes, arabes et africaines sont programmées au niveau de tous les chefs-lieux de daïra, avec cette précision que les villes du littoral, saison estivale oblige, se taillent la part du lion dans la programmation. Une initiative louable mais très insuffisante vu la rareté de ce genre de manifestations durant l'année. Surtout qu'en dehors du mouvement associatif et de la direction de wilaya chargée de la culture, il n'existe à Tizi Ouzou aucune autre institution susceptible d'organiser des activités culturelles dans les zones enclavées de la wilaya, les salles de cinéma étant toujours fermées à la face des cinéphiles alors que les bibliothèques communales ne sont qu'un vieux souvenir pour les gens d'un certain âge.