De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Quelles sont les associations culturelles les plus actives dans la wilaya de Tizi Ouzou ? Répondre à cette question relève de la gageure tant on ne sait pas qui est qui et qui fait réellement quoi sur la scène associative de la wilaya. Des dizaines d'associations reçoivent des subventions dérisoires de la part de l'Etat. Certaines d'entre elles ne sont connues de personne, à croire qu'elles n'existent que pour se faire allouer l'argent de l'Etat. Cela au moment où d'autres associations sont très actives sans que l'Etat daigne leur verser un seul centime, alors qu'elles activent sur le terrain de façon honnête et correcte, comptant généralement sur leurs membres, certains commerçants parmi les connaissances et quelques opérateurs économiques de la région qui font des gestes symboliques de temps en temps en direction du mouvement associatif. Il y a d'un autre côté des associations que l'on peut qualifier de privilégiées et qui sont quasi omniprésentes sur le terrain (qui se résume à la maison de la culture Mouloud Mammeri) et dans d'innombrables occasions. Si certaines d'entre elles démontrent bien leur savoir-faire et leur engagement, d'autres donnent l'impression d'avoir volé ce statut d'association active, tant leurs différentes apparitions ne sont que symboliques et quasi fantomatiques. Il faut comptabiliser également les associations dont les curieuses dénominations donnent l'impression qu'elles arrivent directement d'une autre planète. C'est à partir de cette brève introduction que l'on peut poser la question du comment se débrouillent les associations culturelles et tous les gens intervenant dans le secteur de la culture dans la wilaya de Tizi Ouzou. C'est que l'implication de l'Etat se résume pratiquement à l'allocation d'une subvention financière qui varie entre 50 000 et 120 000 dinars annuellement à chaque association, selon le gabarit de l'association et son domaine de prédilection. Que pourrait faire une association comme la Ligue des arts dramatiques et cinématographiques (LADC) avec une telle somme quand on sait que le Festival des raconte-arts pourrait coûter chaque fois jusqu'à trois millions de dinars ? Le cas de la LADC peut s'avérer un mauvais exemple dans la mesure où elle ne reçoit aucune aide de l'Etat, ses animateurs se retrouvant à chaque occasion à compter plutôt sur l'engagement citoyen pour réussir leur activité principale constituée par ce festival. Et, en général, la seule aide que pourraient apporter les institutions de l'Etat aux activités culturelles initiées par le mouvement associatif de la wilaya, reste la mise à disposition de structures ou d'un certain matériel trop onéreux pour que les associations se permettent de l'acquérir. C'est là qu'intervient le rôle que pourraient (ou devraient ?) jouer les opérateurs économiques de la région dans le soutien aux activités culturelles. La politique de sponsoring n'étant pas encore une culture bien ancrée dans notre pays, il est rare de trouver des associations locales bénéficiant d'assistance de la part d'un sponsor privé, à l'exception des grandes manifestations nationales, et parfois internationales, dont les promoteurs n'ont généralement pas besoin d'aides supplémentaires dans la mesure où tous les appareils de l'Etat sont déjà présents derrière eux. Et dans ce domaine, même la presse nationale ne joue pas le jeu puisque, les titres qui acceptent de sponsoriser une telle ou telle activité se contentent généralement d'accorder quelques espaces publicitaires à titre gracieux alors que les animateurs associatifs ont plutôt besoin d'un engagement concret à travers une contribution financière ou même logistique. Donc pour l'instant, le mouvement associatif qui active correctement sur le terrain n'a pas les moyens adéquats de réussir toutes les activités culturelles que ses animateurs voudraient programmer parce que ni l'Etat ni les opérateurs économiques privés ne semblent prêts à faire un effort en faveur de la culture et de son développement. Il est donc loin le temps où la socialisation de la culture deviendrait une réalité. Les associations culturelles et les animateurs associatifs honnêtes se débrouillent comme ils peuvent en attendant des jours meilleurs et une volonté sans arrière-pensée pour la promotion de la véritable culture.