De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Les opérateurs économiques privés n'ont pas encore appris à s'intéresser aux activités culturelles, notamment celles initiées par des associations culturelles locales. La culture du sponsoring n'est pas encore bien ancrée dans le monde des affaires en Algérie, à l'exception de quelques manifestations de grande envergure, de niveau national ou même international, pour lesquelles les hommes d'affaires semblent prêts à mettre la main à la poche. Pourtant, ce genre de manifestations n'a pas vraiment besoin de tant de sollicitude, surtout quand on sait qu'elles bénéficient le plus souvent d'un soutien important des institutions de l'Etat, par le biais du ministère de la Culture qui n'hésite jamais à casser la tirelire pour de tels événements et il est inutile de rappeler les sommes dépensées à l'occasion du deuxième Festival panafricain d'Alger, le Panaf 2009, ou les différents concerts de chants animés dans la capitale par des «vedettes» orientales. Que peut faire une petite association culturelle sans apport financier et logistique ? Rien ou presque. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, la situation des associations culturelles est pire. Elle est pire parce que les entreprises économiques sont très rares dans cette wilaya oubliée du monde économique. Et les quelques petits opérateurs économiques qui activent dans la région ne s'intéressent pas du tout aux activités culturelles que voudraient organiser les nombreuses associations qui se trouvent sans ressources ni financières ni logistiques. Des dizaines, voire des centaines d'associations lancées au début des années quatre-vingt-dix avec un enthousiasme certain ont fini par disparaître par manque de moyens, alors qu'elles participaient de façon certaine à socialiser une culture restée longtemps sous le joug du tout-Etat. De nombreux animateurs ont fini par comprendre, particulièrement en raison de la crise financière mais aussi sécuritaire qui a secoué l'Algérie à cette époque, que l'activité culturelle était condamnée à survivre dans la douleur et la difficulté. Certains ont décidé de faire disparaître leurs associations alors que d'autres ont préféré les laisser hiberner en espérant qu'un jour la donne changera en faveur du mouvement associatif et de l'activité culturelle. Et la donne changera justement avec la montée en puissance du prix du baril de pétrole qui permet à l'Etat de réserver un budget au secteur de la culture. Mais le nombre impressionnant des associations activant dans la wilaya de Tizi Ouzou, entre associations culturelles, sociales, sportives et comités de village notamment, a amené les pouvoirs publics à distribuer l'aide dédiée au mouvement associatif d'une façon qui ne sert pas vraiment la culture. En effet, voulant satisfaire le maximum d'associations, les autorités ont opté pour la mise en miettes de la cagnotte réservée aux associations qui se retrouvent avec des subventions dérisoires variant entre 50 000 et 120 000 dinars. Des sommes qui ne permettent même pas aux animateurs associatifs de concocter des expositions dignes de ce nom. Surtout que certaines des associations qui bénéficient de ces subventions restent inconnues du public alors que de nombreuses autres associations ne reçoivent rien des pouvoirs publics. N'est-il pas temps pour les autorités de revoir leur politique d'octroi des subventions aux associations ? L'Etat ne doit plus jouer le rôle de vache laitière pour devoir satisfaire tout le tissu associatif, mais doit privilégier les associations qui activent régulièrement, honnêtement et avec des programmes d'activités de qualité. Et l'Etat ne doit plus être le seul pourvoyeur de moyens au mouvement associatif dont les animateurs doivent être aptes à se trouver de nouvelles sources de financement avec de nouvelles règles de contrôle.