Incohérences, incompréhensions et inconséquences. Une semaine après la fin des émeutes, le gouvernement est mis face à ses contradictions. En réponse aux aux assertions des responsables gouvernementaux, notamment le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, qui a parlé de «manifestations pacifiques» au lieu d'émeutes, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a déposé, mardi dernier, une demande d'autorisation pour une marche pacifique qui se tiendra mardi prochain à Alger. Le lendemain, les autorités locales ont répondu par la négative. «Déplorer les violences de manifestants après avoir infiltré des délinquants dans leurs rangs ; refuser les manifestations pacifiques à l'opposition et la faire accuser par ses relais de démission ou d'abandon ; fermer la scène politique et médiatique et espérer la stabilité participent à la fois de la peur et de l'irresponsabilité», a répondu le parti de Saïd Sadi dans un communiqué rendu public le week-end.Ce refus n'est, en vérité, pas une première. Rien que lors de cette dernière crise, des citoyens constitués en collectif à Aïn Benian et à Staouéli, ainsi que le Mouvement démocratique et social (MDS), aile présidée par Ali Hocine, ont été interdits d'organiser des rassemblements pacifiques dans ces deux localités algéroises citées. A Oran, des artistes avaient été également interdits de manifester devant le siège de la wilaya.Ce sont donc des preuves supplémentaires qu'entre le discours officiel et la réalité, il y a bien une rivière infranchissable. C'est cela le problème.Le ministre de l'Intérieur est même allé plus loin que le refus d'autoriser les manifestations publiques. Il a estimé, lors d'un entretien accordé à un site Internet, qu'il n'y a pas de partis capables de convaincre. Pourtant, Daho Ould Kablia sait que pour convaincre, un parti doit parler au peuple. Et pour parler au peuple, il faut avoir accès à la rue et aux médias, notamment la radio et la télévision. Ce qui n'est pas disponible pour l'instant. Les décisions prises en Tunisie, après des semaines d'émeutes, sont l'exemple que malgré le caractère social des émeutes, les revendications politiques ne sont pas loin. Une situation vécue par l'Algérie à la fin des années 1980.Vingt ans après, le recul sur ces acquis est indéniable. Pis, l'Algérie, qui était l'exemple de l'ouverture démocratique, est en train de reculer sur les avancées démocratiques enregistrées depuis vingt ans.L'exemple tunisien est également un signal d'alarme : lorsqu'on ne donne pas sa liberté à un peuple, il lutte pour l'acquérir. A. B.