Photo : Riad Par Ziad Abdelhadi Le nombre d'adhésions à une police d'assurance dans le monde agricole et de l'élevage a connu en 2010 une légère augmentation. Elle s'est, en effet, manifestée par un taux de croissance de 15% par rapport à l'année 2009. Une hausse qui résulte en grande partie de la souscription des éleveurs de bovins et des aviculteurs à l'assurance multirisque, comme indique le Conseil national des assurances (CNA) dans son dernier bulletin. Au niveau de la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA), on atteste que ce sont les céréaliculteurs qui souscrivent le plus aux produits d'assurance agricole, suivis des éleveurs mais c'est dans la catégorie des producteurs de végétaux que l'adhésion est encore très faible malgré tout le travail de sensibilisation mené par les agents de la CNMA pour tenter de convaincre les maraîchers. A propos de ce classement, il devient utile de signaler que si les céréaliers occupent la première place au tableau des catégories professionnelles qui souscrivent le plus à une police d'assurance, cela est dû au fait que pour prétendre au crédit dit RFIG, ils doivent souscrire une assurance. Quant à la seconde catégorie, celle des éleveurs, c'est là aussi l'effet d'une obligation imposée depuis 1988 par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Elle sert (l'obligation), selon ce dernier, à veiller sur la santé animale et protéger l'éleveur en cas de maladies. Une mesure qui reste encore peu appliquée. Concernant le faible engouement à l'assurance agricole observé chez les maraîchers et les autres exploitants agricoles versés dans la production de fruits, ce désintéressement a ses raisons. Les plus décelables sur le terrain sont la non-obligation d'assurance, le coût de revient élevé du contrat quand on sait qu'une grande majorité de nos agriculteurs ne disposent pas d'un revenu suffisant pour supporter les charges et enfin les délais d'indemnisation encore trop longs avec, de plus, des remboursements considérés dans le milieu des gens de la terre comme étant très inférieurs à la valeur déclarée. On incombe aussi comme raison à ce faible engouement de la part de nos gens de la terre à la souscription d'une assurance que le travail de sensibilisation reste à revoir si l'on veut convaincre les agriculteurs, reconnaissent des cadres dirigeants de la CNMA. A partir de ce dernier constat, la caisse a depuis plus d'un an revu sa stratégie qui consiste en un redéploiement plus efficace. Certes, des améliorations ont été constatées notamment dans le délai de traitement des dossiers indemnisation, «mais cela reste insuffisant», estiment certains rencontrés sur leurs exploitations respectives. Pour eux, «le cultivateur sinistré doit percevoir ses indemnisations dans des délais très courts et non pas attendre, au risque de ne pas pouvoir reprendre du service une fois la période de culture dépassée». Ils considèrent aussi que le produit d'assurance agricole reste cher, c'est pourquoi, il devient hors de portée de capacités financières, nous ont témoigné nos interlocuteurs. Ils pensent que l'Etat devrait se pencher sur la question en vue d'une révision à la baisse des montants des souscriptions d'assurances agricoles car ils restent encore élevés par rapport à ce qui est en vigueur dans ce domaine dans d'autres pays, nous ont-ils fait savoir. Ce faisant, il est clair qu'en maintenant des montants des souscriptions assurances aussi élevés, cela ne peut qu'entretenir un désintéressement chez les agriculteurs. Certains de ces derniers expliquant aussi qu'ils sont prêts à payer les montants demandés à la seule condition que la qualité de services soit à la hauteur du coût de la police d'assurance. Pour eux, le service rendu est souvent très en deçà de ce qu'ils attendaient. Nos interlocuteurs nous ont aussi déclaré : «Pour que les gens de la terre affichent plus d'engouement aux produits d'assurances agricoles, il suffirait qu'ils trouvent un maximum de prestations et une qualité de services sans reproche.» Sur ce point, il semblerait que la CNMA a compris qu'effectivement pour parvenir à convaincre un maximum d'agriculteurs de souscrire une police d'assurance, il lui faut gagner la confiance des gens de la terre. Une orientation qui commence à connaître un début d'application sur le terrain puisqu'elle s'est traduite par une série de mesures. La plus importante à nos yeux, et aussi la plus innovante puisque les actuels possédants des caisses d'assurances, et à terme les coopératives d'épargne et de crédit qui seront mis en place progressivement, devront s'atteler à la modernisation et au développement des assurances économiques agricoles. Ces tâches seront basées, selon une source du ministère de tutelle, sur des «contrats de performance qui seront établis pour chaque caisse d'assurances mutuelles avec un taux de croissance minimum à atteindre de 20% par an pour la période quinquennale 2010-2014, et un chiffre d'affaires constitué de 60%, au moins de produits d'assurances agricoles».Rappelons enfin que le taux de souscription des agriculteurs aux polices d'assurances au niveau de la CNMA est passé de 5% en 2009 à près de 7% actuellement. Ce taux représente 18 000 e x p l o i t a n t s. Cette croissance de 2% paraît encore dérisoire pour ne pas dire quasi insignifiante comparativement au nombre de nouveaux produits d'assurances agricoles créés par la CNMA. Ce qui démontre une fois de plus que dans le milieu des gens de la terre, on n'est pas convaincu de l'intérêt à souscrire une police d'assurance. La CNMA a donc beaucoup de pain sur la planche.