Le leader druze Walid Joumblatt s'est finalement rangé du côté du camp de l'opposition dans la dantesque crise politique libanaise. Un soutien qui pourrait être déterminant dans les tractations en vue de nommer un nouveau Premier ministre après la chute du gouvernement de Saad Hariri. Quelques heures après avoir annoncé son soutien à l'opposition, le leader druze a été reçu par le plus haut dirigeant du Hezbollah, Hassan Nasrallah. «Je confirme la position de mon parti de se tenir aux côtés de la Syrie et de la Résistance», a annoncé Joumblatt qui est devenu un véritable faiseur de rois dans l'imbroglio politico-institutionnel libanais. Joumblatt a tenu à préciser que cette décision était motivée par son désir de préserver la stabilité du Liban. Le pays est, en effet, dans une situation précaire. Onze ministres du camp du Hezbollah avaient démissionné le 12 janvier dernier du gouvernement d'union, provoquant sa chute, après de longs mois de bras de fer avec le camp du Premier ministre Saad Hariri. Le tribunal de l'ONU chargé d'enquêter sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri est devenu un véritable détonateur. Le ralliement de Joumblatt, adepte des volte-face, ne signifie pas encore que les dix autres députés de son bloc le suivront. L'opposition est contre un nouveau mandat de Saad Hariri. Omar Karamé, déjà Premier ministre à deux reprises au Liban, est bien parti pour occuper de nouveau le poste. Le président de la République, Michel Sleimane, doit entamer demain lundi des consultations avec les groupes parlementaires sur la nomination d'un Premier ministre. La mission s'annonce explosive. Walid Joumblatt a, pour sa part, accusé à juste titre le TSL de chercher à semer la discorde : «Le Tribunal est devenu un instrument de destruction et s'écarte de la voie de la justice pour devenir le lieu de tous les marchandages.» Joumblatt a, par ailleurs, expliqué s'être mis d'accord avec le président syrien Bachar al-Assad, qu'il a rencontré récemment, pour que la déclaration de politique générale du nouveau gouvernement désavoue le tribunal qui a perdu toute crédibilité. La déclaration de Joumblatt intervient au lendemain de la décision de la Turquie et du Qatar de suspendre leur médiation, confirmant un échec de la conciliation. L'Arabie saoudite, derrière le camp Hariri, avait, elle aussi, annoncé auparavant qu'elle abandonnait sa médiation avec la Syrie. Dans la lointaine La Haye, le TSL, véritable bombe à retardement pour la stabilité du Liban, a annoncé qu'une audience aurait lieu le 7 février pour discuter de la notion d'«acte terroriste», délit visé dans l'acte d'accusation déposé lundi dernier. M. B.