Photo : M. Hacène Par Youcef Salami La Sonatrach s'intéresse à la production de gaz de schiste, une industrie qui crée énormément d'emplois, relevait hier Nordine, Cherouati, P-DG de la compagnie nationale des hydrocarbures. Il s'exprimait au cours d'une conférence de presse tenue au siège de la société et consacrée à la présentation des résultats de l'entreprise dégagés en 2010. «Cette industrie, on a commencé à y travailler depuis quelque temps», nous explique un responsable de Sonatrach, en marge de cette conférence de presse, pour qui le gaz de schiste «n'est pas le propre des grandes multinationales ; des sociétés de moyenne envergure peuvent s'y intéresser et le développer». Il n'en dira pas davantage. Le gaz de schiste, ce sont, pour l'instant, les Etats-Unis qui en extraient en grandes quantités et qui ont tracé de bonnes perspectives pour le promouvoir, le rendre plus rentable. La production brute de gaz de schiste représente, dans ce pays, environ quatorze pour cent de la production nationale. Et si tout le monde se lançait dans la production de ce type de gaz, cela pèserait-il sur les marchés des gaz conventionnels ? Aux dires de spécialistes, si des pays comme l'Australie, la Chine, l'Inde, la Russie et l'Indonésie se mettaient à développer des potentiels importants de nouvelles ressources gazières, cela ne devrait pas avoir d'impact notable sur la production mondiale avant 2017-2020. En Algérie, au-delà des perspectives sur le gaz de schiste, la Sonatrach continue à donner de la consistance à ses capacités en gaz conventionnel, à en exporter davantage. De nouveaux gazoducs, dont le Medgaz et le Galsi, sont venus se superposer aux anciens tubes. Le Medgaz, un gazoduc reliant l'Algérie à l'Espagne, sera mis en service dans les mois à venir. Il le sera une fois réglés quelques détails d'ordre technique, souligne Nordine Cherouati qui rappelle que tous les travaux du Medgaz en territoire algérien ont été achevés. Pour ce qui est du Galsi, un tracé reliant l'Algérie à l'Italie, les études générales ont été bouclées, et les différents associés dans ce projet ont une idée de son budget, précise le P-DG de Sonatrach. Cependant, le Galsi sera-t-il étendu à d'autres pays, à d'autres régions, à la Corse, par exemple ? Cela ne relève pas de Sonatrach, mais du conseil d'administration de la société Galsi. Et pour plus de projets dans le gaz comme dans le pétrole, la compagnie nationale des hydrocarbures projette de mettre plus d'argent dans l'investissement, en amont comme en aval. En termes chiffrés, Sonatrach a investi pour quatorze milliards de dollars en 2010, un volume en hausse de sept pour cent par comparaison à 2009, alors que ses exportations d'hydrocarbures se sont établies à 56 milliards de dollars, des recettes en augmentation, si on les compare à celles obtenues en 2009, et ce, grâce au redressement des marchés pétroliers. Ces investissements seront «en légère hausse», pour l'exercice 2011, selon Nordine Cherouati. Celui-ci a également avancé que la production réalisée par la compagnie nationale en 2010 a atteint 214 millions de TEP (tonnes équivalent pétrole) d'hydrocarbures primaires, dont 150 millions de TEP ont été produites par Sonatrach, le reste par ses associés. Toutefois, la production de 2010 est en baisse par rapport à 2009 (222,5 millions de TEP). La Sonatrach, ambitieuse, entend porter sa production à 243 millions de TEP à l'horizon 2014, à la faveur de la mise en œuvre de nouveaux projets. Environ 150 millions de TEP ont été commercialisées, dont 116 millions ont été exportées, et 36 millions commercialisées sur le marché national. Le P-DG de Sonatrach a aussi abordé la fiscalité pétrolière «classique» et la taxe sur les superprofits (TPE). La fiscalité pétrolière, TPE comprise, versée au Trésor public au titre de l'année 2010 a atteint 2 844 milliards de dinars, alors que la TPE recouvrée s'est établie à 1,6 milliard de dollars, en progression de sept pour cent par rapport à 2009. La TPE, une disposition instituée à la faveur de la nouvelle législation pétrolière adoptée en 2005, est versée par les compagnies étrangères lorsque le prix du baril de pétrole dépasse les 30 dollars. La moyenne du prix du brut algérien (Sahara blend) a avoisiné les 80 dollars en 2010, en hausse de 28% par rapport à 2009, et a progressé à 96 dollars en janvier 2011. Au chapitre des découvertes, un total de vingt-sept a été réalisé en 2010, contre seize en 2009, fait savoir Nordine Cherouati.Le nouveau P-DG de Sonatrach semble vouloir imprimer un nouveau style de communication à la Sonatrach : «Vous pouvez poser les questions que vous voulez, et j'ai le droit de ne pas répondre à certaines», dit-il à l'adresse des journalistes présents dans la salle de conférences. Au sujet des charges qui pèsent sur des responsables de Sonatrach, impliqués dans une affaire de passation de marchés douteux, Cherouati affirme qu'il «n'y a pas une affaire de Sonatrach, mais de personnes». Et, d'ajouter que «cette affaire est entre les mains de la justice et je ne peux m'y substituer».BP, rien n'a été décidé Pendant ce temps, Sonatrach, une «institution solide» continue à fonctionner «normalement grâce à des hommes et à des femmes auxquels je rends hommage aujourd'hui», a-t-il noté. Le patron de Sonatrach a, par ailleurs, parlé du dossier BP, soulignant que rien n'a encore été décidé. «On ne sait pas encore si Sonatrach va exercer son droit de préemption ou non», a-t-il expliqué. En 2010, BP, engluée dans la marée noire du golfe du Mexique, avait décidé de céder plusieurs actifs pour couvrir les frais engendrés par cette catastrophe. Dans une déclaration récente, liée aux actifs de BP, le ministre de l'Energie et des Mines avait affirmé que «toutes les options restent ouvertes». Autre sujet, en réponse à une question se rapportant à l'opération de formation sportive dans la discipline football qui n'a pas été reconduite, provoquant une sorte de polémique à Sonatrach, Nordine Cherouati dira que cette initiative est «louable». Seulement, a-t-il ajouté, il faut qu'elle se fasse en concertation avec des structures spécialisées (ministère de la Jeunesse et des Sports, Fédération…). «On essaye de faire ce qu'on sait faire le mieux, un ingénieur en hydrocarbures ne peut s'occuper de sport», a-t-il tranché. A propos du report de la semaine de l'énergie, le P-DG de la compagnie nationale estime que les conditions optimales pour organiser cette manifestation n'étaient pas réunies et que, par conséquent, il fallait l'ajourner pour, au final, faire quelque chose de solide. Ancien cadre du secteur de l'énergie, Nordine Cherouati avait été nommé en mai 2010 à la tête de Sonatrach, en remplacement de Abdelhafid Feghouli, qui en assurait l'intérim depuis le mois de janvier 2010, après la mise sous contrôle judiciaire de Mohamed Meziane, P-DG de Sonatrach.