Des manifestations hostiles au pouvoir ont commencé mardi en début après-midi en Egypte à l'initiative de mouvements d'opposition s'inspirant de la révolte tunisienne, face à un déploiement policier massif. Dans le centre du Caire, des centaines de manifestants rassemblés aux abords de la Cour suprême ont réussi à forcer un barrage de police et à se répandre dans les rues alentours en scandant : «la Tunisie est la solution», selon des journalistes sur place. Les manifestants scandaient également «A bas Moubarak», en référence au président égyptien, âgé de 82 ans et en place depuis 29 ans, et réclamaient des réformes sociales et politiques. Quelque 20 à 30 000 policiers ont été mobilisés dans le centre-ville, et le quartier du ministère de l'Intérieur a été bouclé. Les effectifs des forces de l'ordre étaient renforcés à plusieurs grands carrefours de la mégalopole égyptienne, les manifestants ayant prévu de se rassembler en plusieurs endroits. L'Université du Caire était elle aussi sous haute surveillance des forces antiémeutes. A Ismaïliya, sur le Canal de Suez, des centaines de personnes se sont rassemblées sur une place du centre-ville face à un fort dispositif policier. Les manifestants scandaient «Après Ben Ali, à qui le tour ?». Dans le nord de la péninsule du Sinaï, des centaines de personnes ont coupé une route entre al Arich et Rafah, près de la frontière avec la bande de Ghaza, en mettant le feu à des pneus, selon des témoins cités par des agences. Le ministre de l'Intérieur, Habib Al Adli, a déclaré au journal Al Ahram que les organisateurs des manifestations étaient «inconscients» et a assuré que leurs appels n'auraient «pas d'impact». «Les forces de l'ordre sont capables de faire face à toute menace contre la sécurité de la population, et nous ne prendrons à la légère aucune atteinte aux biens ni aucune infraction à la loi», a-t-il ajouté. Plusieurs mouvements militants pour la démocratie ont appelé la population, au Caire et en province, à manifester pour faire d'hier une «journée de révolte contre la torture, la pauvreté, la corruption et le chômage». Cette initiative a notamment reçu le soutien de l'opposant Mohamed El Baradei, ancien responsable de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).