Les accidents domestiques font chaque année plusieurs victimes à travers le pays. Les enfants et les personnes âgées en sont les plus touchés et les cas de brûlures les plus fréquents. Le risque domestique est à l'origine de 70% des brûlures avec hospitalisation. Les brûlures par eau bouillante sont les plus courantes. Selon le comité national des brûlés et de chirurgie plastique, le gaz butane est à l'origine de 90% des brûlures en Algérie. Les enfants sont les principales victimes des dangers inhérents aux installations dangereuses de la maison ou de la négligence des adultes. Il y a aussi les personnes âgées. Les statistiques le révèlent bien : 30% des victimes ont moins de 15 ans et 15% ont plus de 65 ans ; le risque thermique est signalé dans 90% des cas, en plus des accidents électriques (7%) et chimiques (3%). Tous ces cas de figure se répètent à chaque fois dans les domiciles qui deviennent le lieu de tous les dangers. Le nombre des brûlés ne cesse d'augmenter. Ce phénomène prend de l'ampleur jusqu'à devenir un véritable problème de santé publique. Chaque année, le bilan des victimes de brûlures graves noircit le tableau des accidents domestiques. Il faut savoir que ces brûlures peuvent entraîner une détresse circulatoire et causer la mort. Intervenir le plus rapidement possible en cas de brûlures, afin de limiter les conséquences parfois fatales des accidents, demeure la recommandation phare. Toutefois, le manque de structures spécialisées dans la prise en charge des grands brûlés se fait cruellement ressentir dans notre pays. En fait, il n'existe que deux structures spécialisées : la clinique centrale de chirurgie plastique et des brûlés, sise rue Pasteur à Alger-Centre, et l'établissement hospitalier spécialisé (EHS) de Douéra. Ces deux établissements ont beaucoup de mal à faire face au nombre important de patients qui y affluent des quatre coins du pays. Les grands brûlés sont actuellement orientés vers Alger. La clinique centrale est unique en Algérie. Elle accueille les enfants victimes de brûlures venant de l'ensemble du pays. Cet établissement, qui fait l'objet d'opérations de rénovation, compte une équipe de chirurgiens plasticiens de qualité et une soixantaine de lits. Mais il lui est difficile de prendre en charge tous les malades, notamment les enfants victimes de brûlures, d'autant plus que les patients nécessitent généralement des soins de longue haleine. Dans cette clinique, l'hygiène est de rigueur. La majorité des patients qui y sont hospitalisés sont des victimes d'accidents domestiques. C'est le cas d'une petite fille qui n'a même pas deux ans. «La casserole de lait bouillante s'est renversée sur ma petite lui causant des brûlures du deuxième degré», nous dit sa maman. «Une seconde d'inattention et c'est le drame», regrette-t-elle. Les brûlures graves causées par des négligences domestiques sont fréquentes. Les soins doivent être rapides. Les brûlures des deuxième et troisième degrés sont un véritable drame, qui durera des années et laissera ses marques indélébiles toute la vie. L'hôpital de Douéra est considéré comme un établissement «de référence». Il prend en charge les brûlés âgés de 16 ans et plus et assure les opérations de chirurgie esthétique réparatrice aux personnes brûlées au troisième degré. Il a permis de réduire le transfert des malades à l'étranger. Sur les 10 000 victimes de brûlures qui y sont admises, 1 000 nécessitent une hospitalisation, dont 100 décèdent. Dans cet hôpital, 60% des consultations sont liées à l'orthopédie et aux brûlures. En plus des brûlures, de la chirurgie plastique réparatrice et de la chirurgie maxillo-faciale, il s'occupe également de plusieurs autres spécialités, dont les traumatismes et la chirurgie orthopédique. Entre le 1er janvier et le 31 octobre 2010, plus de 7 000 consultations ont été recensées en chirurgie plastique au profit de citoyens issus de différentes régions du pays. L'hôpital de Douéra dispose lui aussi d'une équipe de chirurgiens plasticiens compétents. Mais face au nombre croissant de victimes de brûlures graves, la tâche s'avère de plus en plus ardue, d'autant que les brûlures ont «des suites dramatiques pour les victimes, qui entament un véritable parcours du combattant vers la guérison, avec souvent des conséquences graves sur les plans physique, esthétique et psychologique». Ce qui pose le problème de la prise en charge post-opératoire des grands brûlés. Dans ce sens, les spécialistes plaident pour le renforcement des structures de prise en charge des grands brûlés, l'ouverture des services de soutien et la création de nouveaux services de chirurgie réparatrice. Mais rien ne sera aussi efficace que la prévention. A. B. Bientôt un hôpital pour grands brûlés à Alger L'Algérie aura bientôt un hôpital pour grands brûlés. Il sera financé par les Emirats arabe unis. Cette annonce a été faite récemment par le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, M. Djamel Ould Abbes. Cependant, aucune autre précision n'a été donnée quant au lieu où sera implanté cet hôpital spécialisé. La réalisation d'une telle structure hautement spécialisée et selon des normes internationales permettra de mieux prendre en charge les malades victimes de brûlures. La création de cet hôpital permettra assurément de réduire la pression sur la clinique centrale de chirurgie plastique et des brûlés ainsi que l'EHS de Douéra et de garantir des soins de qualité. Que faire en cas de brûlures ? Pour une brûlure par le feu, ne pas essayer d'enlever les vêtements. Mettez tout sous l'eau froide pendant de longues minutes. Ces premières secondes sont importantes : refroidir la blessure pour éviter que la brûlure ne se propage dans les couches profondes de la peau.S'il s'agit d'une brûlure par eau bouillante, faites couler l'eau froide entre la peau et le vêtement pour éviter que le tissu imprégné d'eau bouillante ne maintienne la chaleur au contact de la peau. Puis enveloppez le brûlé dans un drap propre avant de le diriger vers l'hôpital. Les brûlures du premier degré sont spectaculaires et douloureuses mais elles ne sont pas très graves. Les brûlures des deuxième et troisième degrés sont les pires car, en surface, les symptômes peuvent être discrets et la douleur peu importante. Il ne faut pas juger soi-même de la gravité d'une brûlure. La mauvaise évaluation d'une blessure peut entraîner des conséquences graves. Lorsqu'il s'agit de brûlures légères d'un adulte (une simple rougeur de la peau et une douleur aiguë, voire quelques petites cloques signalent généralement une brûlure peu profonde) l'application d'un tulle gras cicatrisant, protégé par des compresses stériles et enveloppé dans un bandage propre, répétée deux fois par jour, suffit à soigner la plaie. Si la brûlure prend un aspect peu sympathique les jours suivants, mieux vaut consulter un médecin. Contrairement aux idées reçues, il ne faut pas étaler de produits sur une brûlure (crème, pommade...) sans avis médical, la seule action refroidissante de l'eau est suffisante pour traiter la brûlure. En cas de cloques, il ne faut jamais les crever mais seulement les désinfecter avec un antiseptique non coloré.