Le chef du mouvement islamique tunisien Ennahda Rached Ghannouchi a regagné, hier, son pays, après vingt-deux ans d'exil sous le régime du président déchu Zine El Abidine Ben Ali. Rached Ghannouchi est rentré, hier, à Tunis en provenance de Grande-Bretagne où il était exilé. Agé de 70 ans, ce leader du mouvement Ennahda, l'un des principaux symboles de la pensée islamique, est membre du bureau international El Irshad du groupe des Frères musulmans. Il a été accueilli par des milliers de partisans à l'aéroport de Tunis. Rached Ghannouchi, qui a quitté Londres dans la matinée d'hier en compagnie, notamment d'une de ses filles, s'était déclaré «très heureux» juste avant son départ. «Je rentre à la maison aujourd'hui, mais je retourne aussi dans le monde arabe», avait dit le quasi septuagénaire qui rentre au pays deux semaines seulement après la chute de Ben Ali le 14 janvier dernier. Quelques heures après être rentré en Tunisie, Rached Ghannouchi a déclaré qu'il ne serait pas candidat à la prochaine présidentielle. Pour rappel, plusieurs peines de prison ont été prononcées à son encontre sous l'ère du président Habib Bourguiba et du président déchu Zine El Abidine Ben Ali, dont une peine de prison à vie prononcée en 1992. Concernant la réaction du gouvernement d'union nationale tunisienne à ce retour au pays, le porte-parole du gouvernement de transition M. Tayeb Bekouche s'est refusé à tout commentaire se contentant de déclarer que le gouvernement n'avait pas examiné cette question. L'aspect juridique de cette affaire, a-t-il dit, est du ressort du ministre de la Justice. Le Premier ministre M. Mohamed Ghannouchi avait annoncé que le dirigeant du mouvement Ennahda Rached Ghannouchi ne pouvait revenir en Tunisie qu'après l'entrée en vigueur de la loi sur l'amnistie générale. La loi sur l'amnistie générale décidée par le gouvernement de transition n'est toujours pas entrée en vigueur, n'ayant pas été soumise au Parlement pour adoption. M. Tayeb Bekouche a, par ailleurs, affirmé soutenir «le droit au retour de tous les exilés dans leur pays et l'application de la loi d'amnistie générale à tous», insistant sur l'importance du dialogue avec toutes les parties «sans exclusive». L'opposant tunisien avait déclaré hier, à partir de Londres, que le mouvement Ennahda comptait participer aux prochaines élections législatives, mais pas à la prochaine élection présidentielle prévue dans six mois. R. N.