De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Les spécialistes à travers le monde ne cessent de parler de l'importance que revêt l'apport de l'esprit créatif dans la formation de la personnalité du citoyen et du développement de la culture locale, dans ses différentes spécificités. Ils s'accordent à dire qu'elle participe aussi à l'épanouissement des enfants et des adolescents et dans le maintien de leur équilibre affectif, facteurs qui favorisent un comportement harmonieux. Cependant, sur le terrain, il est constaté que l'éducation artistique est reléguée au second plan par la majorité des intervenants. En dehors de l'école, plusieurs animateurs notent qu'il est pratiquement impossible qu'un adolescent se permette une formation dans une discipline artistique de son choix, alors que les pédagogues préconisent une formation plus équilibrée, plaçant sur un pied d'égalité les disciplines scientifiques, techniques et sportives, les sciences humaines et l'enseignement artistique dans les différentes étapes de la scolarité. Les parents avouent que leur progéniture n'a pas assez de temps et ne dispose pas de moyens matériels ou d'espaces nécessaires afin d'intégrer des troupes ou des clubs qui forment des jeunes dans les domaines de la musique, de la peinture, du théâtre ou autres arts. Les enfants scolarisés, à qui les responsables des secteurs de l'éducation et de la culture veulent inculquer une formation artistique afin qu'ils deviennent des artistes et portent le flambeau de la culture laissé par l'ancienne génération, se limitent aux seules activités artistiques contenues dans les programmes scolaires. Pour les établissements de jeunesse, la situation de l'éducation des arts n'est pas meilleure, et nombre d'associations et collectifs culturels se plaignent du manque de moyens nécessaires pour l'encadrement des jeunes, attirés par ce type d'activité. L'école, seule, avec ses objectifs et son organisation, est encore loin de contribuer à la formation des musiciens, dramaturges, compositeurs ou peintres de demain. De ce fait, l'implication d'autres partenaires, associations, organismes publics, les collectifs professionnels et autorités chargées de la promotion des activités culturelles s'impose, surtout si l'on tient compte, ces derniers temps, de l'émergence de jeunes qui présentent des aptitudes avérées dans les disciplines liées aux arts dès leur jeune âge. Là encore, ces partenaires ont-ils les moyens et la liberté d'action pour les repérer et les encadrer de manière efficace? Par ailleurs, si cette tâche devient facile, le développement de l'éducation aux arts est confronté déjà à de multiples considérations sociales, professionnelles et se trouve freiné par les us et coutumes. Les quelques artistes rencontrés n'ont fait état d'aucune invitation ou aide de la part des communes, pour animer ou organiser des manifestations culturelles. Par ailleurs, des artistes ont fait état du manque de formation de certains fonctionnaires du secteur, du fait que ces derniers confondent les différentes disciplines de la culture et ne distinguent pas entre les arts pour prévoir les moyens et les équipements nécessaires à la promotion de l'action culturelle entre les jeunes et dans les rangs des animateurs. Ces derniers dénoncentconstamment le manque de moyens matériels et de statut adéquat pour revaloriser le rôle de l'artiste dans la société. Alors, pour pallier ce déficit et éviter que le secteur sombre dans un vide culturel total, les responsables se contentent d'une agitation culturelle relative, axée notamment sur le côté folklorique de la culture, où l'objectif est plutôt de faire défouler et amuser les foules.