De notre correspondant à Constantine A. Lemili La maison de la culture Mohamed-Laïd-El Khalifa, à Constantine, a accueilli, mardi dernier, dans le cadre de ses activités culturelles bimensuelles, Abdelkader Dahdouh, enseignant universitaire, lequel a présenté devant un auditoire totalement acquis à son intervention les résultats de ses travaux de recherche autour de l'urbanisme dans la ville de Constantine à l'époque de l'occupation ottomane.Tel qu'il a présenté ses travaux, les personnes présentes avaient l'impression de suivre les péripéties d'une narration, d'où leur intérêt à littéralement absorber ses propos pour parfois l'interrompre et poser une question pour rester dans la trame de la démonstration de l'universitaire.Il sera ainsi question d'abord de la nature topographique de l'antique ville, de sa géomorphologie, mais aussi et surtout du génie créatif des différents beys qui s'y sont succédé et plus particulièrement le sentiment de compétition qui a prévalu malgré leurs gouvernances successives sur le patrimoine urbanistique. Chacun, selon l'animateur de la conférence, s'évertuant non pas à faire mieux que son prédécesseur mais à en compléter l'action non sans la recherche d'une harmonie parfaite. A chaque place devait correspondre un entrelacs de chemins conducteurs et autour de celle-ci (place) correspondant une somme d'habitations agencées selon les besoins et l'utilité, autrement dit à usage d'habitations, commerces et autres. Sur le plan religieux, la notion de «djemaa» et de «mesjad» avait également son importance en ce sens que l'un et l'autre ne différaient pas seulement par l'appellation, mais par leur mission. Il existait, dans cet ordre d'idées, plus de 80 mosquées (mesjad) et cinq djemaas, sachant que les premières servaient à accueillir les fidèles au cours de la pratique régulière de leur religion et les secondes à la même pratique mais en communion, autrement dit celle du vendredi ou dans des circonstances précises exigées par le calendrier et les traditions musulmanes. Si, aujourd'hui, le commun des Constantinois ne connaît que rahbet Essouf et rahbet Eldjemel, il existait toutefois deux autres places aussi importantes que celles encore disponibles et fréquentées par les habitants de la ville. Il s'agit en l'occurrence de rahbet Bab El Oued et de rahbet Bab El Kantara.Abdelkader Dahdouh évoquera également les différentes communautés vivant à cette époque, dont celle israélite moulée dans une parfaite symbiose avec le reste des habitants de la ville. Par ailleurs, il semblerait, selon l'universitaire, que la cité fût connue pour sa stabilité et la sécurité qui y prévalait. Revenant sur l'aspect urbanistique et les choix faits par les différents beys, A. Dahdouh soulignera que «cette compétition qui ne disait pas son nom a sans nul doute contribué à l'émergence d'une architecture merveilleuse que d'autres sociétés dites civilisées nous enviaient». Ce qui explique la nature même de patrimoine historique et culturel à préserver et ce à quoi se consacrent les pouvoirs publics locaux, comme en témoigne la réhabilitation progressive de Souika ou de la vieille ville.