Réagissant aux appels incessants depuis quelques années à la levée de l'état d'urgence, Bouteflika a promis, jeudi dernier lors du Conseil des ministres, d'engager en urgence une procédure pour satisfaire cette revendication. A ce propos, le Président a estimé que «chacun a relevé les commentaires, analyses ou mêmes revendications de nature politique, apparus ces derniers temps. Leur expression variée requiert le respect, car nous sommes dans un pays de démocratie pluraliste, sauvegardée au prix de sacrifices nationaux considérables. Mais ces vues exigent aussi quelques rappels et précisions». Pour Bouteflika, «nul ne peut contester le respect et la protection des droits civiques et politiques, ainsi que des libertés fondamentales dans notre pays. En témoignent la pluralité des obédiences de nos nombreux partis politiques, la diversité et la vitalité de la presse nationale, et le fait que notre peuple est, périodiquement, convié aux urnes pour choisir souverainement ses gouvernants à tous les échelons, parmi les nombreux candidats qui sollicitent ses suffrages, après avoir réuni les conditions légales». Concernant l'état d'urgence, Bouteflika dira que «celui-ci a été instauré pour les seuls besoins de la lutte antiterroriste, et c'est cette raison uniquement qui en a dicté le maintien sur une base légale. L'état d'urgence n'a, à aucun moment, entravé une activité politique pluraliste des plus riches, ni contrarié le déroulement de campagnes électorales intenses, de l'avis même des observateurs qui les ont suivies». Estimant qu'il s'agit d'une «polémique infondée» et à laquelle il faut mettre un terme, le Président a décidé de charger «le gouvernement de s'atteler sans délais à l'élaboration de textes appropriés, qui permettront à l'Etat de poursuivre la lutte antiterroriste jusqu'à son aboutissement, avec la même efficacité et toujours dans le cadre de la loi. Cela conduira donc à la levée de l'état d'urgence dans un très proche avenir», a déclaré le président de la République. Ainsi, les choses bougent en Algérie à travers des décisions des pouvoirs publics qui anticipent et engagent le pays sur la voie d'une ouverture démocratique devant garantir une réelle expression plurielle, traduisant ainsi la réalité du spectre politique de la société algérienne. Même si l'état d'urgence ne gêne pas en théorie la liberté d'expression, l'excès de zèle de l'administration constitue une réelle entrave à l'exercice effectif des libertés politiques et de la praxis démocratique. Parallèlement à cette volonté manifeste de lever l'état d'urgence, la décision d'ouvrir les médias lourds à tous les partis politiques est de nature à favoriser le débat et la confrontation des idées afin de barrer la route à la violence. A. G.