Le président de la République a vraisemblablement répondu à la revendication portant sur l'état d'urgence. Le communiqué du Conseil des ministres, tenu jeudi, a indiqué que Abdelaziz Bouteflika a annoncé “la levée de l'état d'urgence dans un très proche avenir”, en chargeant le gouvernement de “s'atteler sans délai à l'élaboration de textes appropriés”, et ce, en accord avec la poursuite de la lutte contre le terrorisme. Le chef de l'état a également tenu à signaler, selon le communiqué, que sa décision vise à “mettre un terme à toute polémique infondée sur cette question”. Dans ce contexte, M. Bouteflika a affirmé que l'état d'urgence a été instauré “pour les seuls besoins de la lutte antiterroriste” et maintenu légalement pour “cette raison uniquement”. Il est mentionné que cette mesure n'a, “à aucun moment, entravé une activité politique pluraliste des plus riches, ni contrarié le déroulement de campagnes électorales intenses, de l'avis même des observateurs qui les ont suivies”. Le président de la République a aussi fait remarquer que l'Algérie est “un pays de démocratie pluraliste”, en référence aux “commentaires, analyses ou même revendications de nature politique, apparus ces derniers temps”. Par ailleurs, il a exclu toute atteinte aux droits civiques et politiques, ainsi qu'aux libertés fondamentales, en se basant sur “la pluralité des obédiences de nos nombreux partis politiques, la diversité et la vitalité de la presse nationale, et le fait que notre peuple est, périodiquement, convié aux urnes pour choisir souverainement ses gouvernants à tous les échelons”. La proclamation de l'état d'urgence, le 9 février 1992 en Algérie, coïncidait avec le début de la sédition islamiste. Instauré pour une durée d'une année, pour combattre le terrorisme, il a été reconduit l'année suivante pour une durée indéterminée. Dix-neuf ans après, l'état d'urgence est toujours là. Seulement, dans cet intervalle relativement long, la façade démocratique a été conservée, au détriment d'une phase de transition démocratique visant le changement du système politique, mais également la construction d'une véritable société civile et d'une classe politique à l'écoute des aspirations/attentes de la population et à la hauteur des enjeux actuels. On notera que l'annonce de la levée de cette mesure n'est pas accompagnée d'une date d'effet. Le président Bouteflika donne même l'impression de quelqu'un qui attend de voir la suite des évènements. Cela suffira-t-il à satisfaire les formations politiques qui pensent que l'amélioration de la situation sécuritaire “enlève tout argument pratique au maintien de cet état de fait” ou encore la toute nouvelle Coordination nationale pour le changement et la démocratie qui a appelé à une marche dans la capitale pour le 12 février prochain. L'autre annonce faite par le chef de l'état est le maintien de l'interdiction de marches dans la capitale. “Alger compte plusieurs salles publiques de capacités diverses, qui sont gracieusement disponibles pour tout parti ou association, en vue d'y faire entendre son point de vue”, a-t-il dit, sans évoquer les cas de refus d'autorisation ni celui du refus de certains gestionnaires des salles publiques. Enfin, le chef de l'état a indiqué que les médias audiovisuels “doivent (…) assurer la couverture des activités de l'ensemble des partis (…) et leur ouvrir équitablement leurs canaux”. Il a, cependant, averti que cette ouverture sera conforme aux “dispositions de la Constitution et (aux) lois relatives aux activités politiques”.