Trop tôt disparu en 2006 après avoir remis l'Afrique au cœur du blues contemporain, le monstre de la guitare malien, Ali Farka Touré, continue à bercer les oreilles des mélomanes. Il est ainsi revenu avec le dernier album du virtuose de la kora, son compatriote Toumani Diabaté. Sorti en 2009, l'album Ali and Toumani, produit à titre posthume par World Circuit/Nonesuch, est un enchantement sonore fait de neuf titres ou se croise l'incroyable jeu de Toumani avec les riffs du maître Farka Touré. Après leur première collaboration sur l'album In the heart of the moon, les deux géants ont raflé le Grammy Awards du meilleur album World Music en 2005 ; le duo infernal propose de remettre cela le 13 février prochain pour la 53ème édition des Grammy Awards qui aura lieu en Californie vu que le dernier album Ali and Toumani est nominé dans la catégorie meilleur album traditionnel de World Music. Une nomination qui vient non seulement sacrer le talent du défunt, mais aussi concrétiser le rêve du griot Toumani. «Je suis un garçon passionné, ouvert aux divers courants musicaux du monde et dont le rêve ultime reste l'internationalisation des belles sonorités mandingues», déclare le virtuose de la kora. Rappelons que le défunt Ali Farka Touré, autodidacte confirmé, a été l'un des premiers à porter les sonorités africaines dans le monde, notamment aux Etats-Unis d'Amérique où il a revendiqué haut et fort l'africanité du blues. Un combat incessant également entrepris par Toumani Diabaté qui a fait de la kora «une sorte de harpe de l'ouest de l'Afrique», un instrument capable de captiver toute une humanité. Compositeur et leader du Symetric Orchestra, Toumani donne actuellement des cours de kora à Bamako au profit des jeunes débutants. Ayant à maintes reprises partagé des scènes, à savoir au Festival d'Essakane du Mali, les deux artistes sont liés par la passion de la musique et celle de leur continent. Leur collaboration sur scène est un véritable appel à la paix et à la sérénité. «Toumani, c'est le dieu de la kora, il est incomparable et fait ma fierté […]. Les mots me manquent pour qualifier ce qu'il fait pour l'art africain. Il n'a pas de rival dans son métier, il est né dans la kora, il sait ce qu'il en fait et c'est unique au monde. N'importe quel joueur de kora essaie d'être Toumani Diabaté, mais c'est très difficile», a déclaré Ali Farka Touré à propos de son compatriote.