Photo : Riad Par Smaïl Boughazi Depuis quelques années, le gouvernement s'est donné pour tâche de remettre sur pied les entreprises publiques déficitaires. Des mesures ont été mises en place, des plans d'action ont été mis sur pied et des sommes conséquentes ont été consacrées à l'effacement des dettes et à la modernisation des équipements de ces entités. Ces mesures, décidées au lendemain de la crise financière qui a bouleversé les donnes à tous les niveaux, ont redonné l'espoir aux managers de ces entreprises qui pourraient espérer aujourd'hui reconquérir un marché qu'ils considéraient jusque-là perdu. Il est vrai que l'enjeu est de taille, sachant que l'emballement des importations du pays n'arrange que les fournisseurs et les importateurs qui écoulent leurs produits à des marges bénéficiaires exorbitantes. Relancer l'industrie nationale a été une des priorités du gouvernement. Le Premier ministre Ahmed Ouyahia a affirmé récemment que «l'entreprise algérienne, publique ou privée, doit savoir qu'elle pourra compter sur les pouvoirs publics pour accompagner son essor sur son propre marché et pour tirer prioritairement profit de la commande publique». Ce qui reflète l'importance de cette démarche prônée par l'Exécutif. Celui-ci compte, en outre, porter la part de l'industrie dans le produit intérieur brut (PIB) de 5% actuellement à 10% à l'horizon 2014. Bien qu'il soit difficile aujourd'hui d'évaluer les résultats des différentes opérations de redressement des entreprises publiques, en raison de la courte durée de leur lancement, les observateurs ne cachent pas qu'il s'agit là d'un appui conséquent qui, à terme, offrira à ces entreprises la possibilité de récupérer des parts de marché importantes et de se repositionner sur le marché local. Leur production pourra également se substituer aux importations. Il faut noter que, dans ce sillage, près de 200 entreprises publiques ont déjà bénéficié de la mise en route de leur processus de modernisation pour un total de plus de 600 milliards de dinars, dont près de 500 milliards de dinars de crédits bancaires sur le long terme et fortement bonifiés. Le chiffre pourrait atteindre, selon certaines sources, les mille milliards de dinars consacrés à ces opérations de redressement. Il y a quelques semaines, le ministre des Travaux publics avait indiqué que le gouvernement a décidé d'injecter un budget de 120 milliards de dinars dans l'objectif de soutenir les entreprises de son secteur et de les encourager à investir. La somme sera partagée entre 51 entreprises publiques économiques relevant de la SGP Sintra qui bénéficieront de cet investissement. Près de la moitié des 50 milliards de dinars sera destinée à l'assainissement financier des entreprises publiques et à l'effacement de leurs dettes fiscales et parafiscales. L'autre partie du budget touchera les programmes d'investissement, les équipements, la formation et le recyclage du personnel de ces entités économiques. D'autres plans d'investissement ont déjà eu l'aval du gouvernement. On peut citer, notamment, la restructuration du secteur du ciment, de l'Entreprise nationale des véhicules industriels (SNVI), de Saidal, de la pétrochimie et de la sidérurgie. Les secteurs porteurs ciblés Il faut dire que le gouvernement a dégagé des sommes importantes pour le secteur public et que beaucoup a été fait. Dans ce sens, on peut dire qu'il est même privilégié en termes d'investissement et d'octroi de marchés publics. Il y a lieu d'ajouter d'autres investissements dans le secteur de la manufacture. Un diagnostic sur le secteur des textiles, cuirs et bois est en cours de finalisation. L'objectif assigné à cette opération est la restructuration du secteur manufacturier composé de 4 grands groupes, à savoir Texmaco (textile), C&H (confection et habillement), Leather Industries et Wood Manufacture. Cette action concerne la réorganisation de 71 filiales de ce secteur. Des investissements seront de ce fait consentis au profit de secteurs à travers des actions identifiées, telles que le développement technologique, la formation, l'innovation… afin de lui garantir une croissance durable. Rappelons que la LFC 2010 a institué l'obligation pour les soumissionnaires étrangers aux appels d'offres internationaux d'investir dans le cadre d'un partenariat. L'Etat a également institué le droit de procéder à la reprise des actifs publics cédés dans le cadre de ces opérations, au cas où le repreneur ne s'acquitterait pas de ses obligations, notamment de paiement. Parmi les mesures phare concernant le secteur public, citons l'octroi de la garantie de l'Etat aux crédits bancaires alloués pour la modernisation des entreprises publiques stratégiques et la prise en charge par l'Etat des intérêts sur ces crédits pendant les périodes de différés de paiement. Même si pour certains, il s'agit là d'un «interventionnisme» de l'Etat dans les affaires économiques, d'autres ne partagent pas cette vision, arguant que des secteurs stratégiques et à forte valeur ajoutée doivent être toujours sous le contrôle des pouvoirs publics afin de réguler l'activité économique mais aussi faire face au diktat des multinationales qui détiennent le monopole dans certaines industries.