«Le Trésor public est autorisé à procéder à l'assainissement financier des entreprises et établissements publics déstructurés en Algérie. Le financement de cette opération est assuré sur des ressources budgétaires ou d'emprunt, ainsi que par le traitement des créances du Trésor sur ces entreprises». A la faveur de ce texte contenu dans le projet de loi de finances 2009, un nouveau souffle sera donné à coup sûr au secteur public économique et aux entreprises déstructurées. Ce coup de pouce est considéré comme une autre chance pour ces petites entités économiques afin qu'elles puissent relever la tête. Il est vrai que le contexte actuel est favorable à ce genre d'orientations économiques à plus d'un titre. Les responsables de ces entreprises n'ont pas caché leur satisfaction quant à ces nouvelles orientations. L'EPE mobilier scolaire et collectif d'Algérie (Mobsco), une filiale du groupe Wood Manufacture, est un exemple de ces entreprises qui nécessitent un appui des pouvoirs publics. Cette petite entreprise emploie actuellement, selon son P-DG, M. Boufrioua Abdel Rachid Slimane, quelque 260 personnes. Son chiffre d'affaires annuel s'élève à environ 300 millions de dinars. Même si, actuellement, cette entité économique ne souffre pas de dettes ou de problèmes financiers, M. Boufrioua n'a pas mâché ses mots quant à une nécessaire aide des pouvoirs publics. Selon lui, les mesures décidées par le gouvernement et contenues dans la loi de finances 2009 «sont louables». «Ce sont des mesures qui tendent à aider les entreprises qui se tiennent. Et je crois que l'entreprise peut bénéficier de cette aide et, bien sûr, même si elle est viable en ce moment puisqu'elle produit, elle a quand même besoin d'un petit investissement pour renouveler l'outil de production, pour améliorer et pour le moderniser. Il ne faut pas oublier que c'est une usine qui travaille depuis trente ans et dont les équipements n'ont pas été renouvelés. Donc elle a besoin d'un effort de l'Etat», a affirmé notre interlocuteur à ce propos. A ses yeux, «cet effort ne sera pas vain. Si les pouvoirs publics venaient à nous aider, on pourra recruter davantage et améliorer la qualité du produit». Néanmoins, le talon d'Achille de cette entreprise, relève le P-DG, c'est l'exiguïté des lieux. «On ne peut pas envisager maintenant une extension des ateliers car les lieux sont trop exigus.» En soulevant la question du soutien des pouvoirs publics, l'orateur a estimé d'emblée que l'entreprise qu'il gère est actuellement dans une phase de transition. «Nous sommes dans une période de transition entre l'entreprise socialiste telle qu'elle était gérée et l'entreprise purement économique. Nous ne pouvons pas d'ailleurs nier ce qu'a apporté l'entreprise socialiste, notamment la création des postes de travail.» Mais notre locuteur ne voit pas de différence entre cette entité publique et le secteur privé, même si, reconnaît-t-il, il y a actuellement «une coexistence entre un secteur public économique qui a ses avantages et ses inconvénients et un secteur privé qui n'a pas de lourdeurs et/ou un passif». Dans cet ordre d'idées, il affirmera que, «maintenant, si l'on crée une entreprise publique, c'est sûr qu'elle n'aura rien à envier au secteur privé. Elle sera gérée de la même manière.» Une preuve, selon lui de l'efficacité du secteur étatique si on arrive à le gérer de manière fiable. Actuellement, soutient-il encore, il reste aux responsables de ces entités à gérer cette période transitoire qui ne se fera que par un changement des mentalités. Pour notre locuteur, ce changement viendra de la jeune génération, épargnée, à ses yeux, des réflexes du socialisme. Evoquant le registre des contraintes auxquelles fait face actuellement l'entreprise, le P-DG citera, entre autres, les contraintes de l'approvisionnement et la concurrence déloyale ou l'informel. Pour ce qui concerne le premier point, M. Boufrioua a indiqué que «ce sont des contraintes qui sont situées en amont». Il citera en exemple «les contraintes subies par l'un de nos principaux fournisseurs qui est Anabib, qui, lui-même, subit des contraintes de la part de Mittal Steel dans le domaine des produits ferreux.» Expliquant cette situation, il affirmera : «Etant donné que les produits ferreux étaient fabriqués à Annaba puis transformés ici à Réghaïa, nous n'étions pas préparés pour importer ces produits. Même l'importation risque de nous poser problème, en ce sens que les prix d'acquisition à l'importation risquent d'être plus élevés que les prix du marché intérieur. Donc nous souhaitons que Annaba se remette en marche et Anabib aussi», a-t-il assuré. Le deuxième point auquel le responsable de Mobsco fera référence est l'informel ou la concurrence déloyale. «Il y a des produits importés à partir de sources d'approvisionnement douteuses», a-t-il dit, ajoutant que «ces produits ont été fabriqués en utilisant une matière appelée résine, un conglomérat de particules d'origine inconnue». Par ailleurs, le P-DG de cette entreprise a assuré enfin que Mobsco, à l'image de toutes les EPE qui activent encore, ont pu former des centaines, voire plus, de cadres qui ont été attirés par la suite par le secteur privé offrant des avantages particuliers. Tout de même, affirme-t-il, ces entités ont été des écoles qui peuvent encore former et produire. Enfin, il convient de fournir quelques chiffres afférents à ces entités économiques. Leur nombre s'élève à 1 255 et emploient environ 335 000 salariés. Selon le projet de loi de finances 2009, les subventions d'exploitation des entreprises et établissements publics sont directement prises en charge par l'État. À cet effet, «des crédits budgétaires sont dégagés annuellement» et mis en place, selon des modalités qui seront fixées par le ministre des Finances, sur la base des besoins effectivement enregistrés. La mise en œuvre concrète, au bénéfice des entreprises concernées, du dispositif d'assainissement financier nécessite également des délais pour la préparation et la discussion des plans de redressement interne des entreprises bénéficiaires. Ces préparations constituent la condition préalable à la mise en œuvre de mesures d'ordre financier.