Photo : S. Zoheir Par Smaïl Boughazi Si les moyens de transport dans toutes les catégories ont connu ces dernières années des développements importants, il n'en demeure pas moins que les moyens classiques restent toujours d'actualité, notamment le transport routier. Le transport des marchandises a eu également son lot de développements et même en matière de moyens logistiques. L'économie est également une bonne fluidité de la marchandise entre les différents secteurs. Ainsi, outre le transport ferroviaire et maritime, il ne faut pas mettre aux oubliettes un chapitre aussi important que le transport routier. Ce dernier a bénéficié d'importantes réalisations qui permettent, au demeurant, une bonne prestation pour les organismes et entreprises privés et publics. Il ne faut pas négliger les capacités de ce créneau puisque le réseau routier est constitué de 10 000 km. Cela peut faciliter énormément la tâche à cette activité. L'un des piliers de ce secteur depuis plusieurs décennies est la Société nationale des transports routiers de marchandises (SNTR). Elle assurait le monopole de l'affrètement en Algérie jusqu'à la fin des années 1990, avant de voir le marché du transport des marchandises ouvert à la concurrence en 1997. Au moment où l'on parle de privatisation des entreprises publiques, la SNTR a décidé de se remettre en route. Elle a été épargnée par cette vague de privatisations. Cette entité économique publique a voulu, en fait, récupérer ses parts du marché du transport. Selon le directeur financier de cette entreprise, celles-ci sont évaluées à environ 65% actuellement. Du monopole à la concurrence Créée en 1967 par ordonnance, la SNTR a pu s'adapter aux différentes mutations, affirment ses responsables. C'est ainsi qu'après 33 ans d'existence, elle s'est déployée, pour mieux se recentrer sur ses métiers de base. Suite à cette filialisation, le groupe SNTR naîtra sur les décombres de la société. Il se scindera en trois filiales pour permettre une meilleure coordination entre les différents services. Les trois filiales du groupe sont : Agefal (Agence de gestion de fret d'Algérie, qui assure la gestion du fret et la commission de transport). Organisée en cinq agences ou plates-formes régionales de fret, elle dispose de trente-six centres de fret qui constituent son réseau commercial à travers le territoire. Elle couvre l'ensemble des pôles générateurs de fret routier sur le territoire national. La deuxième filiale est dénommée Logitrans (Société de logistique et de transport, qui a en charge l'exécution des opérations de logistique et de transport). Cette filiale dispose de 15 unités de transport et de 600 tracteurs (en 4x2 et 6x4), ce qui garantit une grande disponibilité et la souplesse nécessaire pour assurer tous les types de transport. La troisième filiale est Maintenance plus. Cette dernière est spécialisée dans la maintenance, l'assistance, la maintenance approfondie, la rénovation d'organes, la réhabilitation des véhicules industriels lourds et légers et engins de travaux publics. 95% du transport du carburant Après cette filialisation, les responsables affichent nettement leur satisfaction. Le groupe a pu en un laps de temps très court récupérer une grande partie de son marché. Cette nouvelle configuration lui a permis d'«apporter plusieurs améliorations afin d'affirmer sa position de leader en matière de gestion de fret, de logistique et de transport et de faire de Maintenance plus un acteur incontournable en la matière». Selon les responsables du groupe, le leadership du groupe s'est imposé sur les axes nord-sud et sud-sud, il assure respectivement 20 à 30% des flux sur le premier et 60 à 70% des flux sur le second. En plus, pour le transport du carburant le groupe occupe une place privilégiée puisqu' il a accaparé pas moins de 95% des transports sud-sud et 50% des flux nord-sud. Outre le transport national, le groupe accorde une attention particulière au développement des transports internationaux. Il assure, ainsi, pour le compte de divers clients, des opérations de transport, de manutention et de transit vers la Tunisie, la Libye, le Niger ou encore le Mali. Grâce à la restructuration décidée en 2000, le groupe a pu, outre mesure, faire un saut qualitatif considérable. ISO 9001 : «la qualité, une feuille de route globale» Après l'amorce, depuis quelques années, d'importants changements en matière de management et d'organisation, simultanément, sur ces trois filiales, le groupe a pu obtenir en 2008 la certification à la norme ISO 9001. Mais les responsables du groupe gardent tout de même les pieds sur terre. «L'obtention de la certification constitue également un challenge permanent, car elle exige, en permanence, une remise en cause de soi. Elle astreint à une impérieuse nécessité d'amélioration continue. Donc, la certification n'est pas un aboutissement ni une fin en soi, mais le début d'un processus de gestion normatif. La qualité n'est pas une démarche ‘'à côté'‘ ou ‘'en plus'‘. C'est une feuille de route globale, le fil conducteur de l'action du groupe SNTR pour améliorer l'exercice de ses missions au service de ses clients existants et potentiels, pour répondre à leurs futures attentes, et permettre d'adapter le management par les processus aux besoins nouveaux. La certification est donc la traduction d'une capacité à s'adapter aux nouvelles données du marché et à ses évolutions à venir», peut-on lire dans un document rendu public. Les responsables considèrent cette entité comme une «entreprise stratégique» au même titre que Sonatrach ou Sonelgaz et c'est pour cela qu'ils comptent relever le défi de la remettre sur les rails. Il s'agit donc de lui donner une opportunité pour se replacer sur l'échiquier économique du pays. A cet effet, la conférence organisée les 24 et 25 mars à l'hôtel Aurassi sous le sceau «le développement du groupe SNTR» revêt toute son importance. Après le déploiement, un plan de développement Cette rencontre a regroupé l'ensemble des cadres du groupe dans le but de les inciter à la concertation sur les actions communes ou complémentaires à mener et ressortir avec un ensemble de recommandations qui serviront de fondement à la stratégie du groupe. C'est ainsi que plusieurs améliorations opérationnelles ont été déjà mises en chantier. Première décision annoncée par le p-dg du groupe : le renouvellement de la flotte de Logitrans. Le groupe compte acquérir une centaine de camions annuellement. Mais en plus, il veut moderniser le système de communication. En d'autres termes, le groupe compte mettre en place un système de Tracking sur l'ensemble des véhicules pour permettre à ses clients de s'informer en temps réel de la position de leur marchandise, outre la mise en place d'une plate-forme logistique par la filiale Agefal. D'autres actions sont également au menu de ce plan de développement. Il s'agira de la desserte de zones reculées pour y faire parvenir toutes sortes de produits et le soutien aux projets ANSEJ. Les responsables estiment qu'il faut accorder un intérêt aux jeunes promoteurs soucieux de créer leurs propres entreprises dans les domaines d'activité liées aux secteurs. Par ailleurs, le groupe, semble-t-il, veut s'impliquer dans la problématique environnementale par la récupération systématique des huiles usées destinées au recyclage. Un autre volet qui ne manque pas d'importance a été aussi prévu dans ce plan. Il concerne tout simplement une formation complémentaire qui sera dispensée à tous les chauffeurs en matière de conduite sur l'aspect sécuritaire. Ce plan de développement, indiquent les responsables du groupe, sera aussi axé sur une stratégie de communication précise, car aucune entité économique ne pourra survivre sans une stratégie de communication fiable. Selon les différents responsables, le groupe mise beaucoup sur ce volet qui ne manque pas d'importance au même titre que les moyens logistiques ou les moyens humains. Une nouvelle stratégie financière Outre les moyens matériels et humains, la SNTR a élaboré toute une stratégie financière qui a pour objectif une intégration fiscale et financière et une stratégie de communication financière. Le directeur des finances du groupe explique que cette stratégie vise globalement à rationaliser la gestion financière des entités du groupe, la gestion des risques, optimisation des placements du groupe. Pour ce qui concerne le chiffre d'affaires du groupe, il y a lieu de signaler qu'il a pu réaliser depuis 2004 une embellie commerciale et financière en progression constante. En moyenne, la filiale Agefal a pu atteindre 97% de ses objectifs en matière de volume d'affaires. Globalement 80% du volume d'affaires du groupe provient, précise-t-on, des contrats passés avec Naftal, le ministère de la Défense nationale et Sonatrach. Il va sans dire, enfin, que les entreprises nationales à l'image de la SNTR qui a entamé depuis quelques années des améliorations, pourraient bien renaître de leurs cendres pourvu qu'on applique les méthodes et les normes déjà admises ailleurs dans le monde. La tâche est, certes, ardue mais pas impossible. En adoptant une stratégie de communication et une formation continue des ressources humaines, le travail pourrait être moins lourd pour tous les fleurons de l'économie nationale. L'enjeu est majeur dans la mesure où le retour aux politiques protectionnistes est en vogue.