Coproduit par l'ENTV et la boîte de production MHP, le tournage du long métrage Partir c'est mourir un peu… Harraga Blues, a été entamé samedi dernier avec le 1er tour de manivelle au palais de la culture Moufdi-Zakaria. Déjà abordé par les cinéastes algériens avec les films Roma walla n'touma de Tarek Teguia et Harragas de Merzak Allouache, le thème de l'émigration clandestine est repris dans cette dernière production cinématographique de Moussa Haddad, qui a signé, avec Mme Amina Haddad, ce long métrage de 140 minutes. Harraga Blues est l'histoire de deux jeunes amis, Zine et Rayan, qui passent leur temps à contempler la mer, cette Méditerranée qui les sépare de l'autre rive, l'autre monde, certainement meilleur que ce quotidien morose qu'ils vivent en espérant y échapper un jour. Déterminés à quitter le pays et partir à la quête d'une vie meilleure, Zine est le premier à prendre le large clandestinement en direction l'Espagne. Quant à Rayan, contraint d'attendre pour des raisons financières, il sollicite son oncle d'Annaba pour rassembler la somme nécessaire et payer le passeur qui lui fera traverser la mer avec d'autres harraga. Mais il n'a pas encore réuni l'argent nécessaire que Zine, qui a échoué et a même failli y laisser sa vie, est revenu. Evidemment, il essayera de convaincre son ami de laisser tomber son projet de traverser la mer à l'aventure. Evidement aussi, le tableau ne peut être complet sans une histoire d'amour. Cette idylle se déclinera à travers la relation qui lie Zine à Zola, sa fiancée. Concernant le casting, le réalisateur a opté pour une équipe de jeunes comédiens en lesquels il place ses espoirs, à savoir Hamzaoui Karim et Zola Boualem. «Ce film me tient beaucoup à cœur et j'espère, avec ces jeunes ambitieux, casser la baraque», déclare Moussa Haddad, avant de lancer le mot magique : «Action !». Rappelons que le casting du film a été fait l'année dernière au siège de l'association Lumières, qui est aussi partenaire dans cette production. Se joindront à l'équipe des comédiens algériens de renom, à l'image de Rania Seroutti et Salima Laabidi. La ministre de la Culture, présente sur le plateau de tournage, s'est, pour sa part, félicitée de l'approbation du projet de loi sur le cinéma par le Parlement et a abordé le sujet de la récupération des salles de cinéma en affirmant que ce projet prendra un peu de temps. En outre, le long métrage sera tourné dans quatre régions du pays, à savoir Alger, Oran, Béjaïa et Annaba, pendant huit semaines. Vu le contexte, un tournage en mer est aussi prévu.Avec une riche filmographie, dont des films cultes du cinéma algérien à l'image de Fidaiounes, les Vacances de l'Inspecteur Tahar, Boualem zid el guouddam ou encore Made in, Moussa Haddad, un des doyens du cinéma algérien, se penche aujourd'hui sur cet abcès social qu'est l'émigration clandestine. Culpabilisés et incompris, les harraga sont devenus le symbole d'une génération désenchantée capable de braver la mort pour une vie meilleure. W. S.