Comme beaucoup de cinéastes et à cause de l'ultra cherté d'un film, Moussa Haddad n'a tourné aucune image depuis exactement 11 ans. Evénement donc puisque le réalisateur du fabuleux, "Les enfants de novembre" est sur un nouveau chantier filmique qui s'appelle, "Harga Blues". Le thème, et comme tout le monde peut le deviner, est celui du phénomène des "harraga ". Un thème largement exploré d'ailleurs, et dans la littérature et dans le cinéma, rêve neuf pour Moussa Haddad qui s'est lancé depuis l'an dernier avec son ami Djaâfar Gassem attelé à éplucher les anecdotes racontées dans la presse arabophone, grande consommatrice de ce fléau. Actuellement, l'auteur du très drôle " Inspecteur Tahar ", est en train de faire son casting avec bien sûr une assurance pécuniaire qui lui est nécessaire celle du FDATIC, (fonds d'aide pour la production.) La première tranche qu'octroie le ministère de la Culture lorsqu'il donne son feu vert à la lecture du scénario par un comité de lecture à monter le film. Le FDATIC, c'est modique pense tout le monde, mais ça ouvre aux réalisateurs d'autres perspectives de financement ; notamment via les sponsors lorsque la production est lancée. C'est ce compte faire d'ailleurs Moussa Haddad qui a ouvert sa propre boite de production en attendant de compléter les dépenses du film par d'autres sources de financement. "Harga Blues" n'a rien à voir avec son téléfilm où il a tenté de rendre l'ardeur, la beauté d'une jeunesse algérienne à travers "Made In", paraphé en 1999 mais sans grand succès. Dans " Harga Blues", le cinéaste va mettre en situation des jeunes qui prennent des bateaux de fortune ou ce que l'on appelait pendant la première Guerre mondiale, les boat people, pour gagner les pays européens au détriment de leur vie. Par cette œuvre qui va sortir au premier trimestre de l'an prochain, Moussa Haddad va tenter comme dans un récit moraliste de les en dissuader, en les aidant à explorer ici et maintenant d'autres terreaux qui peuvent les aider à mieux vivre. Le réalisateur montrera à cette jeune génération dépitée, qu'ici même ; il est possible d'être heureux en explorant d'autres chances. Va-t-il les convaincre ? Ça dépendra de la qualité de cette œuvre bien évidemment. El Harga, un thème de plus en plus exploré L'an dernier, Djebbour Abdelmadjid, lauréat de la neuvième édition du Festival international du film amazigh ; était sur le chantier de "Le rêve mortel " qu'il avait tourné à Ghazaouet (Tlemcen). Le film, largement inspiré du phénomène africain des harraga a été tourné en juin dans cette ville côtière de l'ouest du pays. Le réalisateur, peu connu, a déjà paraphé deux documentaires dont l'un traite des nattes des Beni Snous, et un scénario sur le Tapis à Tlemcen. Rien de scandaleux, il faut l'avouer, et même dans ce prochain film au petit budget de 40 millions de dinars, il s'agirait de dissuader comme le veut la voix officielle les jeunes à griller leur avenir dans ces voyages qui portent leurs faux espoirs. Selon Djebbour, qui était assisté par Ahmed Chahata, cette œuvre de fiction vise à faire prendre conscience aux jeunes, du danger de ces aventures aléatoires qui prennent la tournure d'un " rêve mortel. Présentant son film comme " un message destiné à la jeunesse", le réalisateur rassure que l'avenir " est en Algérie et non pas ailleurs".Ce message porteur d'espoir est, dans le film, illustré par des séquences montrant les grands projets réalisés en Algérie, et d'autres mettant en valeur la beauté du pays, et que " le cap 340 degrés " (Ghazaouet-Almeria) n'a jamais conduit " à un quelconque pays présumé féerique ". Mais la beauté suffit -elle à un jeune pour vivre ? Apparemment oui, puisque le réalisateur le dit. Le scénario de ce film relate l'histoire d'un jeune diplômé qui, faute d'emploi, pense à s'aventurer sous d'autres cieux. Malgré les conseils avisés de son ami, un coiffeur, et les avertissements de sa mère, le jeune universitaire prend la décision de s'aventurer vers un présumé eldorado. C'est au port de Ghazaouet qu'il s'en remet à un passeur pour la traversée de la Méditerranée, à bord d'une barque, sans la moindre sécurité, en compagnie d'autres " harraga ". Le noeud de ce récit se trouve dans le déchaînement brutal de la grande bleue qui ne laisse aucune chance à cette embarcation de fortune qui finit par sombrer. Avant de mourir, l'étudiant avait écrit un message que sa mère aura retrouvé dans une bouteille vide rejetée par les vagues. Sous le choc, la mère meurt subitement à son tour. La distribution est faite par Bahia Rachedi, dans le rôle de la mère, Adjaïmi, Bouchra, Nawel Zaâtar, Kamel Bouakkaz, Mourad Khan. Les harraga un phénomène africain qui a son lot de deuils et d'anecdotes, intéresse de plus en plus les réalisateurs comme c'était le cas d'ailleurs du terrorisme et de l'intégrisme vers la fin des années 90. Merzak Allouache qui avait signé une commande, "Alger Beyrouth " qui s'est avéré être un flop a paraphé en début d'année, " Harraga " un film sur le même thème. Plus spirituel, le jeune Tarik Teguia qui vit en France a signé un autre film sur le sujet, " Rouma wala N'touma " (Rome plutot que vous), idem pour "Es saha ", (La place) de Dahmane Ouzid, une comédie musicale qu'on présente comme étant la première du genre.