«Un autre monde est possible» est le slogan des altermondialistes réunis à Dakar pour le 11e Forum social mondial (FSM) - Alter désignant un cratère d'impact sur la face cachée de la Lune, nom officiellement adopté par l'Union astronomique internationale. Les participants souhaitent engager les débats pour dénoncer et influer sur le système mondialisé dit «néolibéralisme» et interrompre cette lune de miel entre la raison du plus fort et la politique du profit. «Le monde est en train de changer avec l'agonie du système capitaliste», analyse Taoufik Ben Abdellah, le coordinateur du FSM. Ce même système, qui a causé des crises d'énergies et de matières premières, des crises économiques sévères et alimentaires, est décrié de toutes parts. C'est même devenu une mode. Dire qu'une idéologie s'effondre n'est pas difficile à argumenter, mais présenter une alternative est beaucoup plus complexe. Depuis la faillite du socialisme et à plus forte raison le communisme, aucun nouveau modèle de pensée n'émerge pour servir de contrepoids à l'approche libérale de la gestion «centralisée» de la planète. Une situation complexe qui mène les récalcitrants à essayer de colmater des brèches au lieu d'attaquer le mal à la racine. On parle de socialisation, d'équité, de donner plus de chance aux pauvres, alors que, par essence, le libéralisme est une doctrine violente, spéculative et injuste. Les effets dévastateurs du néolibéralisme sont vécus intensément dans le monde des faibles, et pas forcément les plus pauvres, principalement dans les pays africains et arabes. A fortiori quand le pays fait partie de deux entités géographiques comme la Tunisie et l'Egypte. Une double peine. Le néolibéralisme a créé Ben Ali, Moubarak et d'autres régimes bâtis sur le même modèle. Un libéralisme mis à nu, sans ses parures droits de l'Homme et démocratie. Les altermondialistes, dans ce cas de figure, seraient les partis politiques d'opposition qui gravitent autour en s'évertuant à chiner des solutions de rafistolage à un système qui déborde de partout. Des self représentants qui caricaturent plus qu'ils ne défendent les besoins des peuples. Résultat : c'est l'anarchie. Le peuple demande le changement. «Un autre monde.» Et que lui propose-t-on ? Les ornements du néolibéralisme : démocratie et droits de l'Homme. Et le cycle reprend. Une autre révolution lunaire, en attendant que le ciel nous tombe sur la tête ou un autre message divin. Pour l'heure, seul Chavez, le président vénézuélien, propose au FSM de penser à se «débarrasser des riches». Alors, si le capitalisme agonise sans l'alternative, que restera-t-il de la mondialisation ? La spiritualité. S. A.