La dixième édition du grand rendez-vous des altermondialistes s'ouvre dimanche 6 février à Dakar, au Sénégal. Ses acteurs, notamment catholiques, ne désarment pas . En 2001, les caméras du monde entier se tournaient vers le premier Forum social mondial (FSM), qui affirmait : " Un autre monde est possible ". Trois années de suite, ses débats se sont déroulés au Centre de conférences de l'Université catholique de Porto Alegre (Brésil), au même moment que le Forum économique mondial de Davos (Suisse), dont il se veut le contre-pouvoir. D'autres FSM se tiendront en Asie (Mumbai en 2004) et en Afrique (Nairobi, au Kenya, en 2007 ; Dakar cette année). L'an dernier, celui de Belém (Brésil), ville brésilienne bordant la forêt amazonienne, a rassemblé 130 000 participants et prédit la fin du capitalisme. Mais si la crise qui a commencé en 2008 a légitimé les critiques du Forum envers un capitalisme sauvage, seules 50 000 personnes sont attendues à Dakar pour l'édition de cette année. Comment expliquer que le mouvement altermondialiste trouve moins d'écho ? Les organisateurs avancent des raisons logistiques (difficulté de se rendre à Dakar depuis des continents comme l'Amérique latine ou l'Asie) et locales (l'Africain de la rue est peu sensibilisé aux enjeux). Les principales thématiques retenues pour ces assises traitent notamment du "renforcement des capacités, l'approfondissement des luttes et la proposition des alternatives". A la veille de ce rendez-vous mondial, pas moins de neuf commissions spécialisées ont été mises en place pour appuyer toutes les étapes liées à l'organisation du FSM à travers l'Afrique et au niveau du Sénégal, pays d'accueil, a fait savoir M. Benabdellah. Toutefois, le même responsable a reconnu les "difficultés" rencontrées pour rassembler la logistique nécessaire, en raison, a-t-il dit, de "la conjoncture internationale qui n'a pas permis au comité d'organisation d'atteindre les prévisions financières que nous avons fixées pour cette rencontre mondiale". "Face au manque de financement, nous avons réduit nos ambitions sur le plan financier. La conjoncture actuelle et la crise internationale n'ont pas facilité notre tache, ce qui nous a poussé à faire appel au volontariat africain", a explique le coordonnateur du FSM. Evoquant les spécificités de la 11e édition, M. Benabdellah a précisé qu'elle constituera "une tribune" à partir de laquelle tous "les avis seront exprimés et entendus dans une ambiance empreinte de calme et de sécurité", mettant, cependant, un accent particulier sur "les alternatives" à proposer pour faire face à "la crise du capitalisme et des civilisations". C'est à partir de ce dernier thème (la crise du capitalisme et des civilisations) que les participants "tenteront d'apporter les explications à la lumière de la nouvelle configuration géopolitique marqué par l'apparition de nouveaux pôles qui sont à mêmes de changer les rapports de forces politiques et économiques dans le monde", a ajouté M. Benabdellah. Après avoir souligné que les mouvements sociaux "doivent s'interroger sur cette évolution", le même responsable a mis en exergue l'importance du FSM pour l'Afrique. Car, a-t-il expliqué, "l'Afrique doit savoir si elle va continuer à être une source des matières premières et un champ de conflits politiques entre les différentes puissances, ou elle va jouer sa propre carte en exploitant ses ressources pour son propre développement". Ainsi, le continent, s'est interrogé M. Benabdellah, "saura-t-il passer à la création des richesses sur son sol et devenir un acteur politique dans le monde, contrairement au passé de la guerre froide où l'Afrique était +un champ de batail entre les grandes puissances+". Selon la même source, le FSM verra l'engagement de débats sur "les changements sociopolitiques qui sont en train de s'opérer sous la pression des populations". Il s'agit, a-t-il dit, de "discuter de l'impact fondamental de cette évolution et également voir, en particulier, est-ce que ces changements sont de nature à faire en sorte que les peuples émergent sur le plan politique ?". Plusieurs personnalités sont invitées à ce forum. Il s'agit notamment de l'ex-président brésilien Lula Da Silva, des présidents de Guinée Alpha Condé et du Bénin Yayi Boni, le président de la Commission africaine, Jean Ping et de la première secrétaire du Parti socialiste français, Martine Aubry.