De notre correspondant à Béjaïa, Kamel Amghar Même si les prix de l'eau et de l'énergie restent toujours administrés et subventionnés par l'Etat, les ménages estiment souvent que les factures de la Sonelgaz et celles de l'Algérienne des eaux (ADE) sont de plus en plus salées. Les citoyens, notamment les foyers à faible revenu, s'en plaignent constamment, et accusent les responsables de ces deux entreprises publiques de pratiquer une facturation abusive. Certains parlent d'une nouvelle génération de compteurs qui comptent un peu trop vite, d'autres évoquent une politique commerciale sciemment mise en application pour compenser les pertes dues au piratage et le manque à gagner en matière de recouvrement des créances. Au cours des événements de protestation de janvier dernier, les jeunes émeutiers avaient particulièrement ciblé les agences commerciales de l'énergiticien Sonelgaz et celles de l'ADE. Fortement débités, les mécontents en ont carrément incendié la quasi-majorité. A noter au passage, que les bureaux de l'opérateur historique de téléphonie, Algérie Télécom, et les recettes locales des impôts ont été également endommagés au cours de ces émeutes contre la cherté de la vie. C'est à croire que les Algériens ragent dès qu'ils passent à la caisse pour régler l'addition. De l'autre côté, les responsables nient tout en bloc. Au niveau de l'ADE, les dirigeants estiment que leur entreprise est fortement pénalisée par les mauvais payeurs et les pirates qui réalisent des branchements illicites. Dans son bilan chiffré de l'année 2009, l'ADE avait produit 32,5 millions de mètres cubes d'eau potable. Elle en a distribué seulement 25,808 millions de mètres cubes. Le volume réellement facturé frôle à peine les 18 millions de mètres cubes. Cela donne un taux de 45% de fuite et de piratage dans les réseaux de distribution et d'adduction. Une véritable «hémorragie» qui, selon nos interlocuteurs, pèse sur l'amélioration de la qualité des prestations. Toujours pour le même exercice, les factures impayées totalisent plus de 440 millions de dinars. Les ménages et les administrations publiques figurent en tête de la liste «des mauvais payeurs» avec, respectivement, 183 millions et 152 millions de dinars. Ce défaut de recouvrement retarde également le redéploiement de l'ADE qui ne couvre actuellement que 19 communes sur les 52 que compte la wilaya. Les cadres de la Sonelgaz (électricité et gaz) évoquent aussi des contraintes similaires. Les impayés et les branchements illicites sont pointés du doigt, d'emblée, pour justifier les coupures récurrentes et les avaries qui affectent le réseau. L'histoire du compteur qui tourne trop vite est simplement qualifiée de chimère. Bien au contraire, le compteur électronique, adopté ces dernières années, est jugé plus précis et mieux adapté pour résister aux actes de piratage. A travers les déclarations des uns et des autres, on sent une crise de confiance réciproque. Pour lever toutes les équivoques, les deux parties sont appelées à mieux communiquer pour exposer leurs problèmes respectifs et s'expliquer tous les détails de la facturation. La Sonelgaz et l'ADE devraient, dans ce sens, relancer les rencontres périodiques qu'elles organisaient dans un passé récent avec leurs clientèles.