De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar La spectaculaire flambée des prix des produits de première nécessité, opérée sans aucun préavis par les producteurs, les importateurs et les grossistes, a provoqué de violentes émeutes au début du mois de janvier dernier. Plusieurs wilayas du pays avaient été touchées par ce mouvement de colère qui s'est vite transformé en actes de pillage, de vandalisme et de saccage des biens publics et privés. Ces hostilités qui ont duré cinq jours à travers toutes les localités de la wilaya de Béjaïa se sont soldées par de lourds dégâts. Même si aucun bilan exhaustif n'a été établi depuis par les autorités compétentes, les stigmates de cette explosion sociale sont encore visibles et se chiffrent en milliards de dinars, selon les autorités locales. Au chef-lieu de wilaya, les jeunes insurgés ont saccagé et incendié plusieurs agences bancaires, dont la BNA, la Badr, la Cnep, BNP Paribas et la Société Générale. Le mobilier et les équipements de ces établissements ont été systématiquement pillés. L'agence centrale de Mobilis, l'opérateur historique de téléphonie, a été aussi vidée de tout le matériel avant d'être incendiée. Dans les rues, les panneaux de signalisation, les abribus, les lampadaires et les distributeurs automatiques de billets ont également été arrachés. La localité voisine d'Amizour compte parmi les communes qui ont enregistré les plus gros dégâts. L'agence locale du CPA, le tribunal, le centre culturel Malek Bouguermouh, les locaux de l'Algérienne des eaux, ceux de la Sonelgaz et les services des impôts ont été ravagés par les feu. Alexo, une entreprise privée spécialisée dans la production de profilés d'aluminium, a subi aussi quelques dégradations. Les trottoirs, les espaces verts et des magasins ont été défoncés. Akbou figure aussi parmi les villes les plus touchées dans la vallée de la Soummam. Le tribunal local, les locaux des services de sécurité, les bâtiments de la poste, les services du fisc et les agences commerciales des services publics de base comme l'électricité, le gaz, l'eau et le téléphone ont été sérieusement endommagés. Dans la région du littoral, la ville de Kherrata a enregistré des pertes considérables. Le tribunal, le siège de l'APC, la recette des impôts, l'agence Cnep-Banque, l'agence Sonelgaz, celle de l'Algérienne des eaux, les bureaux des assurances et ceux de la poste ont été gravement sabotés et leurs biens emportés par la foule en furie. Dans une dizaine d'autres communes, on peut énumérer – à peu près - les mêmes dégâts. S'exprimant sommairement sur le sujet au lendemain de ces émeutes, le wali avait parlé de 495 logements squattés, 4 tribunaux incendiés, de 7 établissements scolaires et d'un internat vandalisés, au moins 5 agences bancaires brûlées. Les agences de l'Algérienne des eaux (ADE) et celles de la Sonelgaz ont été également incendiées dans au moins 6 communes. A cela s'ajoutent plusieurs recettes des impôts, des bureaux de poste, des établissements culturels, des sièges d'APC et de daïra, l'éclairage public et d'autres biens du patrimoine étatique.Afin de remédier à tout ce gâchis, le premier responsable de la wilaya avait promis de tout mettre en œuvre pour réparer tous les dégâts dans les meilleurs délais. En attendant les réparations, qui vont certainement prendre un certain temps, les citoyens ressentent déjà les inconvénients de cette situation. Pour se faire délivrer un casier judiciaire ou un certificat de nationalité, par exemple, tous les citoyens de la wilaya de Béjaïa s'adressent au palais de la justice du chef-lieu de wilaya. Des files interminables y sont quotidiennement enregistrées. Pour régler une facture ou pour payer leurs impôts, les usagers éprouvent beaucoup de difficultés. La pression sur les bureaux de poste épargnés se fait aussi sentir. Afin d'alléger quelque peu toutes ces contraintes, on a commencé à installer ces services publics de base dans des locaux provisoires en attendant la réhabilitation des infrastructures endommagées. On trouve, par exemple, une maison des jeunes reconvertie temporairement en annexe de l'APC ou en tribunal. Des solutions d'urgence comme celles-là donnent cependant un semblant de satisfaction aux administrés.