Synthèse par Wafia Sifouane L'Autorité palestinienne a officiellement présenté, lundi dernier, la candidature de Bethléem, lieu de naissance du Christ comme le rapporte la tradition, au patrimoine mondial de l'humanité de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, les sciences et la culture (Unesco). «Nous sommes très fiers d'annoncer que nous avons soumis le dossier de nomination de Bethléem sous l'intitulé ‘‘Lieu de naissance de Jésus : l'église de la Nativité et la route des pèlerinages'' au patrimoine mondial», a déclaré la ministre palestinienne du Tourisme et des Antiquités, Khouloud Douaibess, lors d'une conférence de presse qu'elle a donnée à Bethléem. L'ajout de ce site à la liste de ceux inscrits au patrimoine mondial de l'humanité aurait dû être agréé il y a longtemps, mais il a été prisonnier du conflit israélo-palestinien. «Le lieu où Jésus-Christ est né est l'un des endroits culturels les plus importants du monde. C'est d'ici que le message de paix et de lumière a été apporté au monde par le Prince de la paix», a plaidé le maire de Bethléem, Victor Batarseh. Haut lieu de pèlerinage, Bethléem est le premier site touristique des territoires palestiniens occupés. La cité a accueilli une foule record de pèlerins lors des dernières fêtes de Noël et reçu près de 1,5 million de visiteurs en 2010. L'objectif pour 2011 est de dépasser les deux millions de touristes, après des années 2000 difficiles en raison de la deuxième Intifadha palestinienne. Pour l'Autorité palestinienne, la reconnaissance de Bethléem par l'Unesco s'inscrit dans le cadre de ses efforts en cours pour la création de l'Etat palestinien. «Le moment est crucial pour nous. L'initiative est partie intégrante de notre campagne pour mettre fin à l'occupation [israélienne] et bâtir les institutions de l'Etat de Palestine», a souligné Mme Douaibess. Rappelons que l'Unesco doit prendre sa décision en juillet 2012. Datant de l'empereur romain Constantin, au IVe siècle, la basilique de la Nativité est l'une des églises les plus anciennes et sacrées de la chrétienté. En mauvais état, elle est considérée comme un site en danger. La basilique est administrée, dans une cohabitation parfois difficile, par l'Eglise grecque orthodoxe, l'Eglise apostolique arménienne et la Custodie, gardienne des Lieux saints au nom de l'Eglise catholique conformément à une tradition qui remonte à l'époque des croisades en 1219. L'Autorité palestinienne et Israël se disputent le patrimoine de la Terre sainte. Une dispute d'autant plus vive que la Palestine n'est pas reconnue comme un Etat. En novembre dernier, les autorités israéliennes avaient décidé de suspendre leur coopération avec l'Unesco, avant de revenir sur leur décision pour protester contre une décision de cette organisation de décrire le tombeau de Rachel, lieu saint du judaïsme à Bethléem, comme étant également une mosquée. La tombe où, selon la tradition juive, repose la matriarche biblique Rachel est considérée comme un lieu saint par les musulmans. Elle constitue une enclave sous contrôle de l'armée israélienne dans la ville autonome palestinienne de Bethléem.Après Bethléem, l'Autorité palestinienne ambitionne d'inscrire Hébron, où se trouvent le Caveau des Patriarches et la mosquée d'Ibrahim, un site révéré à la fois par les juifs et les musulmans, puis Ariha, une des villes les plus anciennes de l'humanité.