Si le contentieux n'est pas réglé, des centaines de stations-service baisseront rideau risquant de perturber l'approvisionnement des automobilistes en carburant. Rien ne va plus entre les exploitants libres des stations-service et l'Entreprise nationale de commercialisation et de distribution des produits pétroliers. C'est du moins ce qui ressort de la conférence organisée hier par la Fédération nationale des exploitants libres de stations-service affiliée à l'Union des commerçants et artisans algériens. L'objet de la discorde : “Un contrat imposé par Naftal aux gérants libres (GL) ne garantissant aucun droit aux concernés.” Les exploitants libres des stations-service rejettent la formule du contrat de gérance-libre exigée par Naftal. “Nous n'allons pas signer ce contrat”, avertit le président de la fédération, M. Mustapha Boudjemlal, en dépit des menaces de Naftal de ne pas approvisionner les stations-service qui refusent de le faire. Ils sont au nombre de 400 sur le millier des stations-service que compte le pays. Le président de la fédération évoque “des menaces écrites d'expulsion pure et simple, assortie d'un ultimatum échouant au 31 décembre 2006 pour parapher le document contractuel”. Il cite des témoignages “probants”, des exploitants libres de Sidi Bel-Abbès, de Tizi Ouzou et de Chlef subissant des suspensions de livraison, parfois de 12 jours. La fédération décide d'adresser un moratoire de 30 jours aux pouvoirs publics “demandant l'arrêt immédiat des menaces, pressions et intimidations exercées par Naftal”. Passé le délai, les gérants libres menace de recourir à la grève, dernier recours eu égard aux nombreuses requêtes transmises à toutes les autorités publiques, y compris la saisine de la présidence de la République par lettre ouverte publiée dans la presse, restées sans réponse. Les exploitants libres des stations-service insistent sur l'arbitrage du président de la République. “Nous souhaitons une réponses, positive ou négative”, souligne M. Mustapha Boudjemlal. C'est que, selon le conférencier, la nature juridique des stations-service en gérance libre est celle de bien de l'Etat. C'est le Trésor public qui a indemnisé les compagnies étrangères nationalisées. Certains des exploitants disposent jusqu'à nos jours de contrat Shell, Mobil, Esso… “Nous défions quelconque partie de prouver un hypothétique remboursement effectué par Sonatrach ou Naftal”, lance M. Mustapha Boudjemlal qui parle de “fait accompli” dans le traitement de ce dossier, et d'interprétation baisée de l'ordonnance de 1968 relative à la nationalisation de la distribution des hydrocarbures. Du coup, la Fédération des exploitants libres des stations-service rejette “la libre gérance imposée par Naftal” et propose la formule de concession, se basant sur le fait que ces stations-service sont le bien de l'Etat et non de Naftal. “La priorité accordée à Naftal est scandaleusement discriminatoire car elle occulte l'occupation laborieuse de près d'un demi-siècle des stations-service par des exploitants 100% algériens”, regrette M. Mustapha Boudjemlal en évoquant la procédure d'indemnisation jusque-là suivie lors de la suppression des stations-service pour cause d'utilité publique. Cette procédure, explique le président de la fédération, “ignore l'existence même de l'exploitant et des longues années d'activité. Ainsi, Naftal bénéficie exclusivement des indemnisations consistant généralement en l'attribution d'un dédommagement financier pour le fonds de commerce et d'une parcelle de terrain affectée à la création des stations-service sans pour autant que sa priorité effective ne soit rigoureusement établie. Leurs activités disparues, les exploitants se retrouvent sans ressources, livrées à la précarité la plus totale”. Ce que regrette le plus les gérants libres des stations-service, “c'est l'immobilisme et la surdité” du ministre de l'Energie et des Mines à leurs multiples requêtes et doléances, “révélatrices d'un parti pris”. Les exploitants libres des stations-service sollicitent “avec insistance le ministère des Finances, notamment la direction générale des domaines de surseoir aux régularisations en cours et ultérieures au profit de Naftal en attendant la suite que consacrera le chef de l'Etat à leur demande de concession”. Meziane rabhi